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La Lectrice

3 auteurs incontournables à lire (ou relire !) en cette rentrée littéraire

Chaque rentrée littéraire apporte son lot de surprises, mais aussi comporte aussi ses marronniers : il y a ces auteurs qu’on retrouve chaque année, comme Amélie Nothomb, ceux dont on sait déjà dès la sortie qu’on retrouvera leur nom sur les listes de prix… Il y a peu, je vous présentais trois premiers romans signés par des auteures très jeunes (mais aussi déjà très talentueuses). Aujourd’hui, je vous parle de trois romans que j’ai adorés, par ceux que je considère être des auteurs incontournables de la rentrée !

Auteurs incontournables… chacun a les siens, me direz-vous, et vous avez bien raison. Je n’ai toujours pas lu Emmanuel Carrère ni Patrick Modiano, mais les trois auteurs que je vais vous présenter sont pour moi des valeurs sûres : leur nom sur la couverture est un moteur d’achat bien puissant. En bref : dès qu’ils sortent un livre, je veux le lire.

Camille Laurens ; Fille

Comment ne pas inclure Camille Laurens dans cette liste ? Aujourd’hui jurée du prix Goncourt, Camille Laurens est une auteure que je suis depuis plusieurs années. J’avais notamment adoré Celle que vous croyez, adapté en film, qui parlait d’une femme prête à sombrer dans la folie en se faisant passer sur les réseaux pour une femme bien plus jeune. Après avoir abordé la question de l’attractivité des femmes et de leur “date de péremption”, Camille Laurens signe un nouveau roman sur les femmes. Ou plutôt, sur la femme. Avec Fille, en cette rentrée littéraire, l’auteure explore ce qu’implique le sexe féminin – et ce qu’il empoisonne.

On ne naît pas femme, on le devient. Oubliez l’adage de Simone de Beauvoir. Ici, Camille Laurens montre que naître fille, c’est déjà être un peu victime. Ou plutôt, être fille, c’est ne pas être un garçon. En racontant la vie de Laurence, de la 3ème à la 1ère personne depuis les années 1960, elle raconte la vie d’une femme, ses combats et frustrations.

Sans doute un peu autobiographique, ce roman d’apprentissage parle forcément à toutes les femmes. Il y a des passages plus touchants que d’autres, je me suis même parfois un peu ennuyée au début. Mais en refermant ce livre, j’ai eu le sentiment que beaucoup de femmes et de filles devraient le lire. Fille montre ce que la langue française dit du corps féminin, et de la dévalorisation qu’elle sous-entend quasi systématiquement.

Fille de Camille Laurens est un roman de cette rentrée littéraire qui m’a autant désarçonnée qu’enthousiasmée. Rien que pour ces raisons, il mérite amplement d’être découvert !

Julien Dufresne-Lamy ; Mon père, ma mère, mes tremblements de terre*

Si vous suivez le blog depuis un moment, vous devez savoir à quel point j’aime les romans de Julien Dufresne-Lamy. Faut-il que je vous parle de mon coup de coeur pour Les Indifférents* ? Depuis que j’ai découvert cet auteur avec Deux cigarettes dans le noir, j’essaie de ne pas manquer une seule de ses publications. Chose difficile car c’est un auteur très prolifique !

Après Boom*, ou Jolis, jolis monstres* qui a remporté le Grand Prix des Blogueurs l’an dernier, l’auteur revient en cette rentrée avec un nouveau roman explosif.

Charlie a quinze ans. Il patiente avec sa mère dans une salle d’attente d’hôpital. Dans quatre heures, son père sortira du bloc. Dans quatre heures, son père renaîtra. Aurélien deviendra Alice.

“Un an avant l’opération génitale, Papa sortait. Dehors, la voix Alice, les fringues Alice. Les sons et couleurs Alice en 16/9 et full HD. Elle, mon père, s’adressait à la boulangère, au fromager, à la petite dame sans chaussures qui vivait tout sourire sur le parvis du Monoprix. Mon père cherchait sa voix et le passing idéal, elle trifouillait judicieusement, nuançait le glissando, changeait de gamme et d’attaque, et bien sûr que Papa cachait toujours discrètement sa pomme d’Adam pour récolter un madame au-dessus des bacs de framboises.”

Quatre heures et une éternité : au fil des minutes et de ses pensées, Charlie revient sur la transition de son père, de l’annonce dans un camping de Noirmoutier au jour où son père est devenu une femme dans l’espace public.

Avec beaucoup de pudeur, Julien Dufresne-Lamy aborde la transidentité dans toute sa complexité. Le personnage de Charlie lui permet de traiter ce sujet avec beaucoup de douceur mais aussi plus de recul, en prenant le point de vue de celui qui assiste à la transition sans jamais la vivre (ou seulement par procuration).

Mon père, ma mère, mes tremblements de terre est un roman touchant sur un sujet encore trop souvent tabou. Une fois encore, Julien Dufresne-Lamy signe un roman sur les oubliés en les mettant à l’honneur, et nous offre ici une belle ode à l’amour et à l’altérité.

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Colson Whitehead ; Nickel Boys

Un auteur couronné deux fois pour le Prix Pulitzer… voilà qui est particulièrement rare et attire l’attention ! J’avais bien aimé Underground Railroad du même auteur paru il y a trois ans, aussi j’ai eu très envie de découvrir le nouveau roman paru en France de Colson Whitehead.

Quelle surprise ! Nickel Boys fut une véritable claque. Si j’avais tout de même émis quelques réserves concernant son roman précédent, cette fois-ci, Colson Whitehead m’a complètement conquise. Ou plutôt, il m’a scotchée, bouleversée et épouvantée en même temps !

L’auteur s’est inspiré de l’histoire vraie de nombreux élèves passés par la Dozier School for Boys pour créer la Nickel Academy, une école de redressement fictive en Floride où sont envoyés beaucoup de mineurs qui sont déjà connus de la justice. Sous couvert de mission éducative, c’est en réalité un établissement où sont commis tous les sévices dans l’indifférence la plus totale, et on le comprend aisément dès les premières pages.

Victime d’une erreur judiciaire, Elwood Curtis, un jeune homme noir est envoyé à la Nickel Academy. Lui qui rêvait d’aller à l’université et de s’engager pour les droits civiques va vite déchanter. Il est pourtant sûr de lui : s’il se tient à carreau, son séjour à l’école ne devrait pas durer trop longtemps. C’est sans compter sur les surveillants prêts à sévir à la moindre incartade, et de façon parfois gratuite.

“Il cita le nom de garçons à qui il n’avait plus pensé depuis une éternité et qui composaient une sorte de Cène – douze ratés et Chickie au milieu. Voilà ce que cette école vous faisait. Et ça ne s’arrêtait pas le jour où vous en partiez. Elle vous brisait, vous déformait, vous rendait inapte à une vie normale.”

Attention aux âmes sensibles : Nickel Boys est un roman violent et certaines scènes sont particulièrement crues. L’auteur prend beaucoup de distance avec son personnage – ce que lui a parfois reproché – mais cela renforce justement la violence du propos, qui éloigne tout pathos. On ressent forcément de l’empathie pour ce personnage malmené d’autant que le récit reste donc très factuel.

Le nouveau roman de Colson Whitehead est donc pour moi un coup de cœur (ou plutôt il porte un coup au cœur pour être plus juste), où la tension monte crescendo jusqu’à un final cathartique. L’auteur américain est définitivement à découvrir si vous ne le connaissez pas encore !

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J’en profite pour vous rappeler que je parle souvent de mes lectures au quotidien sur Instagram, n’hésitez pas à m’y rejoindre si ce n’est pas encore le cas !

Et vous, avez-vous quelques auteurs que vous considérez comme incontournables ? Quels sont les romans de la rentrée littéraire que vous espérez encore découvrir ?

 

Les livres suivis d’un astérisque m’ont été envoyés gracieusement par la maison d’édition.

2 Comments

  • L&T

    Les ouvrages de Julien Dufresne-Lamy et surtout de Colson Whitehead me font de l’oeil. Je ne connais pas encore ces auteurs mais j’en lis tellement de bien, ça me donne envie de les découvrir!

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