les indifférents de julien dufresne-lamy
La Lectrice

Les Indifférents – Julien Dufresne-Lamy

Les Indifférents de Julien Dufresne-Lamy chez Belfond est le deuxième roman que je découvre de l’auteur. Après avoir adoré Deux cigarettes dans le noir l’an dernier, j’ai forcément été ravie de trouver le nouveau roman de l’auteur dédicacé dans ma boîte aux lettres. Je n’ai donc pas attendu bien longtemps avant de l’ouvrir – et j’ai bien fait !

**

Ils sont les enfants bénis. Les élus. Ils se surnomment les Indifférents.
Une bande d’adolescents bourgeois mène une existence paisible sur le bassin d’Arcachon. Justine arrive d’Alsace avec sa mère, recrutée par un notable du coin. Elle rencontre Théo, le plus jeune fils de la famille, et, très vite, intègre son clan.
De ces belles années, Justine raconte tout. Les rituels, le gang, l’océan. Cette vie d’insouciance parmi les aulnes et les fêtes clandestines, sous le regard des parents mondains.
Mais un matin sur la plage, un drame survient. Les Indifférents sont certainement coupables.
La bande est devenue bestiale.

**

L’été de tous les possibles

Une bande d’adolescents qui traîne en bord de mer et qui se fiche ouvertement des règles… Les Indifférents m’a d’office rappelé Corniche Kennedy, roman de Maylis de Kerangal que j’avais tant aimé. A une exception près : dans la bande pour le coup, il n’y a quasiment que des ados bien-nés. Justine, la nouvelle arrivante va donc apprendre les codes d’un groupe où la fourberie et l’argent vont de pair.

Les Indifférents de Julien Dufresne-Lamy est un véritable page-turner aux personnages autant solaires que détestables, le tout rédigé de façon assez crue sans doute, mais non sans classe. L’auteur a un ton bien à lui et le confirme avec ce roman : légèrement satyrique, acerbe et vif, mais aussi doté d’une pointe de lyrisme.

“L’été débute comme ça pour moi. Une nuit bleue. Une nuit silencieuse sur une plage. La mer mangée par la lune, les pieds à l’abri dans le sable, tous les deux plongés dans les couleurs de la nuit.”

Comme dans son précédent roman, Julien Dufresne-Lamy raconte habilement cette histoire d’adolescents qui finit mal, sur fond de critique sociale. Les différentes classes sociales ne se mélangent jamais vraiment dans ce roman ; comme l’huile et l’eau, les personnages venus de deux mondes ne font finalement que s’effleurer sans vraiment réussir à se comprendre ou à s’amalgamer. Les ados finissent toujours par reproduire le comportement des adultes – et ce n’est en rien gage de sagesse.

“Un dîner de la haute, c’est comme un petit dîner chez Ploucland, il ne faut pas croire. Les gens parlent d’eux, ne s’écoutent pas, picolent jusqu’à plus soif.”

Un roman sous tension

Les Indifférents est un roman qui finit mal, on le sait dès le début. On ne sait juste pas exactement ce qui arrive, à qui, jusqu’au moment du drame. Julien Dufresne-Lamy distille les indices tout au long du roman, et le lecteur est happé par l’histoire où la tension ne fait que grimper. Et quand vient la fin et la vérité, l’histoire nous donne finalement le vertige tant cela semblait évident depuis le début.

Premier coup de cœur de cette rentrée littéraire d’hiver, Les Indifférents de Julien Dufresne-Lamy est un roman qui contrairement à son titre ne vous laissera pas de marbre. Si la chaleur de l’été décrite dans le roman pourrait laisser croire qu’il s’agit d’une lecture légère, prenez garde, il agit comme une véritable vague gelée que l’on n’aurait pas vue venir !

 –

Les Indifférents ; Julien Dufresne-Lamy

Editions Belfond

1er février 2018

336 pages

6 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *