celle que vous croyez
La Lectrice

Celle que vous Croyez – Camille Laurens

(Edit du 26.02.19) Avant d’être un film avec Juliette Binoche, Celle que vous croyez est un roman de rentrée littéraire écrit par Camille Laurens que j’ai eu la chance de découvrir peu après sa sortie. J’avais été soufflée par ce roman très contemporain qui aborde de nombreuses questions quant à l’image de la femme quand elle n’a plus vingt ans. Retour sur ce coup de coeur littéraire et (bientôt je l’espère) cinématographique !

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Vous vous appelez Claire, vous avez quarante-huit ans, vous êtes professeur, divorcée. Pour surveiller Jo, votre amant volage, vous créez un faux profil Facebook : vous devenez une jeune femme brune de vingt-quatre ans, célibataire, et cette photo où vous êtes si belle n’est pas la vôtre, hélas. C’est pourtant de ce double fictif que Christophe – pseudo Kiss Chris – va tomber amoureux.
En un vertigineux jeu de miroirs entre réel et virtuel, Camille Laurens raconte les dangereuses liaisons d’une femme qui ne veut pas renoncer au désir.

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Ce livre est une de ces perles totalement insoupçonnées qu’on ouvre et qu’on ne veut plus refermer. Je ne connaissais Camille Laurens que de nom, je n’avais jamais lu aucun de ses livres et je pense à l’avenir faire un tour dans sa bibliographie. Le résumé de celui-ci ne m’inspirait pas plus que ça, mais qu’à cela ne tienne : je devais le lire pour le Prix du Roman des Etudiants 2016 et je l’ai ouvert sans trop savoir à quoi m’attendre.

Camille Laurens a conçu un roman en plusieurs parties. Entre déposition au commissariat de police, entretiens (fictifs ?) avec le psychologue, colloque du psychologue lui-même qui décide d’aborder le cas de sa patiente…On a accès au point de vue d’une série de personnages qui tous semblent relativement instables. Leur identité est double, triple, on ne sait plus trop, l’auteure nous embrouille volontairement, elle brouille toutes les pistes et on ne sait plus sur quel pied danser. Par bien des aspects, ce livre m’a rappelé D’Après une Histoire Vraie de Delphine de Vigan, aussi en lice pour ce prix littéraire. Toutes nos convictions sont ébranlées, le roman est complètement addictif et on le referme en n’étant pas totalement sûr d’avoir compris. Mais qu’importe.

Le pitch, comme l’indique la couverture, est le suivant : une femme décide un jour d’espionner son ex sur les réseaux sociaux en se créant un double…bien plus jeune qu’elle. Sauf qu’elle sympathise avec un de ses amis par le biais de ce double, jusqu’à ne plus savoir comment s’en dépêtrer. J’ai trouvé que l’auteure abordait cette thématique d’une façon très intéressante. J’ai pensé, comme beaucoup de lecteurs sans doute, que cette femme était devenue folle, ou du moins qu’elle n’avait vraiment pas réfléchi à son acte. Mais tout est plus compliqué que cela. On se rend vite compte que la narratrice est une femme comme les autres, qui a juste dévié pour de nombreuses raisons. Ce livre nous fait remettre totalement en question et nous fait réfléchir sur certains aspects de la société. Une femme, passé un certain âge, est-elle “périmée” ? A t-elle passé sa “date de consommation” ? Or la narratrice cherche justement l’amour, elle ne demande que ça. Est-ce alors si immoral ? Qui est le plus immoral de l’histoire ? L’homme ou la femme ?

“Disparaître de son vivant reste une épreuve. On se fond dans le décor, on devient une silhouette, puis rien. L’indifférence est une autre sorte de burqa, une autre façon pour les hommes de disposer seuls du désir. On a servi, on ne sert plus. Hier fantasme, aujourd’hui fantôme.”

Ce roman, qui a certaines empreintes féministes, m’a incroyablement touchée. L’écriture est superbe, elle nous emmène, elle est vive. L’auteure ne mâche pas ses mots, elle nous provoque – et ça marche. Ce livre m’a marqué et j’y repense toujours presque une semaine après l’avoir terminé. Il fait sans nul doute partie de ceux que j’ai préférés pour l’instant dans la sélection du Prix du Roman des Etudiants.

celle que vous croyez

Celle que vous croyez ; Camille Laurens

Editions Gallimard (Nrf)

Paru le 1er janvier 2016

186 pages

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