En vie
La Lectrice

En Vie – David Wagner

La sonnerie du téléphone retentit peu après deux heures. Une voix annonce : Nous avons un foie pour vous. C’est l’appel que l’homme à l’autre bout du fil attendait et redoutait. A t-il désormais un autre choix que d’aller de l’avant, ne serait-ce que pour sa fille ? Il se rend à l’hôpital.
En vie est l’histoire de la transplantation d’un homme. Le récit des jours et des nuits passés à l’hôpital et du défilé ininterrompu des patients avec qui il partage sa chambre, de leurs histoires et de leurs confessions. Allongé sur son lit, ce vaisseau spatial blanc grâce auquel il voyage à travers ses souvenirs et ses rêves, ses pensées le ramènent constamment à des questions cruciales : Sa vie vaut-elle la peine ? Quelle est son sens ? Qui est mort pour qu’il puisse vivre ?

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Un roman sur le milieu médical

Parce que j’aime beaucoup toutes les histoires qui touchent au milieu médical (vous devez commencer à le savoir), j’étais très curieuse de lire En vie de David Wagner, cette parution de la rentrée littéraire. L’histoire d’une transplantation, ça a toujours quelque chose d’assez magique comme très bizarre : celui qui reçoit le greffon, comme un cadeau de Dieu, a finalement prié pour la mort d’un autre homme.

Après avoir eu un coup de cœur énorme pour Réparer les Vivants de Maylis de Kerangal l’an dernier, j’ai eu très envie de découvrir ce roman qui abordait le même thème. Mais attention, l’angle d’attaque est ici complètement différent. Si Maylis de Kerangal avait choisi d’adopter un rythme très rapide, pour montrer à quel point peu de temps s’écoule entre la mort d’un patient et la transplantation, ici, on est plutôt dans un registre contemplatif. En effet, David Wagner, à travers ces 240 pages, nous parle de l’attente.

Qui a déjà été hospitalisé en France sait combien l’attente est souvent longue avant de voir un médecin ou ne serait-ce qu’un infirmier, et surtout, en l’absence de visites, les journées s’éternisent. Les patients ont donc tout le loisir de compter les dalles du plafond et de vaquer à leurs rêveries.

“On me lave le dos, on me brosse les dents. Je n’ai rien à faire, juste à rester couché. Je n’ai même pas à manger, une infirmière m’apporte mes repas d’astronaute, de la nourriture liquide qui contient tout ce dont un corps a besoin. Ma position spatiale a le goût de la banane. Et soudain, une révélation, une certitude : cette chambre est vraiment mon vaisseau spatial, et je suis en  route pour Mars. Au moins pour Mars. Même avec une position favorable des orbites, il y en aura bien pour un an. Ou plus. Je me fais une raison, je reste.”

Histoire de la lenteur

C’est ce que fait le patient de ce roman. Il attend, presque inerte sur son lit d’hôpital, et un peu à la sauce Rousseau, il nous pond ses Rêveries du patient solitaire. Il revient sur certains de ses souvenirs, il nous parle de son état de santé, de ses voisins de chambrée (tous plus mal en point les uns que les autres généralement), des infirmières, des médicaments qu’il planque parfois dans sa table de chevet. De ses espoirs, de ses peurs aussi. Bref, il s’emmerde et son esprit divague.

Si j’ai trouvé que l’idée même de ce roman et sa construction étaient vraiment très intéressantes, j’avoue être quand même un peu passée à côté. C’était long, terriblement long. De même que je ne suis pas une grande fan des œuvres littéraires de Rousseau pour reprendre la comparaison de tout à l’heure, je n’ai visiblement pas été emballée par les considérations de ce patient décrit par David Wagner. Parfois, c’était juste plat. Le patient se fait chier, soit. Et bien je me suis fait chier aussi.

C’est un peu dommage car l’ensemble a quand même quelque chose de très poétique, et les considérations sur la vie et sur le monde en intéresseront sûrement plus d’un. J’ai néanmoins beaucoup aimé tout ce qui concernait le milieu médical, et notamment le récit de la greffe (car oui, on parle bien d’une greffe quand même au passage).

Un roman très contemplatif

L’univers hospitalier décrit est ce milieu froid, pas forcément celui où l’on soigne, mais surtout celui où on attend. On attend des soins, des visites, la guérison. Parfois on attend sans trop savoir pourquoi d’ailleurs. Mais on attend.

C’est donc un roman contemplatif sur le milieu hospitalier qui a beaucoup de qualités, mais qui malheureusement m’est un peu tombé des mains après une centaine des pages, car je n’arrivais pas à m’attacher au personnage principal, et surtout, ses considérations personnelles m’étaient un peu égales. Dommage, car le tout est vraiment ambitieux.

Je souligne au passage quand même la couverture de ce livre pour le moins originale… J’ai passé un mois à me demander si je l’aimais ou non. Mais réflexion faite : je crois que oui ! Une chose est sûre : elle ne laisse personne insensible quand le livre traîne sur la table du salon…

En Vie (Leben) ; David Wagner

Editions Piranha

18 août 2016

240 pages

2 Comments

  • Electra

    dans ma blogroll, j’avais par erreur mis l’adresse de ton ancien blog … bref, j’ai lu ton bilan et maintenant ce roman. J’avais adoré Réparer les vivants donc forcément, mais si c’est pour décrire l’attente, et les longues journées en hôpital .. j’ai bien rigolé en lisant “Parfois, c’était juste plat. Le patient se fait chier, soit. Et bien je me suis fait chier aussi.”
    Je crois que je vais passer mon chemin.

    • Laroussebouquine

      Haha, tant mieux si ça t’a fait rire !
      J’avoue que j’étais un peu déçue car je pensais vraiment aimé ce roman… un peu comme Réparer les Vivants ! Mais bon, loupé pour ce coup-là.

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