La Lectrice

Je m’appelle Leon – Kit de Waal

Leon, 9 ans, est un garçon courageux. Quand un jour sa mère n’arrive plus à se lever le matin, il s’occupe de son demi-frère Jake. Quand l’assistante sociale emmène les deux garçons chez Maureen au gros ventre et aux bras de boxeur, c’est lui qui sait de quoi le bébé a besoin. Mais quand on lui enlève son frère et qu’on lui dit que chez ses nouveaux parents il n’y a pas de place pour un grand garçon à la peau sombre, c’en est trop. Heureusement Leon rencontre Tufty, qui est grand et fort, qui fait du vélo comme lui et qui, dans son jardin, lui apprend comment prendre soin d’une petite plante fragile. Mais Leon n’oublie pas sa promesse de retrouver Jake et de réunir les siens comme avant. Le jour où il entend une conversation qui ne lui était pas destinée, il décide de passer à l’action…

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Un roman que j’attendais avec impatience

C’est probablement le roman qui me faisait le plus envie parmi les nouveautés d’août/septembre. J’ai bavé sur la couverture tout l’été, et autant dire que j’ai été ravie de le découvrir enfin il y a quelques jours.

Attention, âmes sensibles s’abstenir, ce livre risque de heurter votre petit cœur. Prévoyez les mouchoirs les gars ! Il n’empêche que c’est une lecture fantastique, assez originale et très touchante.

Leon fait partie de ces enfants qui sont nés au mauvais endroit, au mauvais moment. On ne choisit pas ses parents ni sa famille (merci Maxime le Forestier), et en l’occurrence Leon n’a franchement pas gagné à la loterie. Il vit avec sa mère et son petit frère Jake dans l’Angleterre des années 1980. Son père est parti, celui de Jake aussi. Sa mère, Carol est seule pour s’occuper des deux enfants, et Super Nanny aurait tout intérêt à venir faire un tour dans leur appartement. Car souvent, la mère s’absente, ou du moins, elle est complètement à l’ouest. Elle se mure dans un silence total, faisant comme une dépression post-partum sur le tard, et les enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes.

Leon, même s’il est fripon, un brin cleptomane et surtout très mal élevé, reste au-delà de ça un frère aimant et attentif, prêt à tout faire pour que Jake reste propre et nourri. Mais évidemment la situation ne peut plus durer, et quand les assistantes sociales découvrent le pot aux roses (si toi aussi tu écrivais poteau rose sur tes copies et tu te tapais la honte, thumbs up), elles prennent les choses en main. Malheureusement, pour Leon, c’est le début d’un long cauchemar…

De la maltraitante aux familles d’accueil…

Ce livre est déchirant par son sujet. Evidemment, entendre l’histoire d’un enfant arraché à ses parents, ce n’est jamais plaisant, même quand ceux-ci font beaucoup plus de mal que de bien. Leon est pétri d’amour pour sa mère, il a espoir qu’un jour tout redevienne comme avant, mais le lecteur comprend aisément qu’il ne pourra jamais en être ainsi.

La force de ce roman réside dans son écriture et sa narration. L’auteur a en effet pris le parti de tout raconter du point de vue de Leon, ce qui rend les choses encore plus intenses. Le lecteur comprend souvent les choses plus vite que lui et aimerait lui expliquer calmement qu’il ne peut pas en être ainsi. Mais évidemment c’est pas possible, sinon ça se saurait. Leon est un garçon de neuf ans, il aime les Action Man et les Raider qui collent aux dents, il est naïf et il fait parfois encore pipi au lit quand il est très triste ou énervé. Mais compte tenu de la situation et de sa taille, tout le monde fait de lui un grand. Or parfois, Leon n’a rien de grand. Il veut sa mère, son frère, ses Action Man, point à la ligne. Et alors que tout le monde s’évertue à lui expliquer le contraire, il est totalement compréhensible que cela ne fasse pas sens pour lui.

Leon a tout d’un enfant perturbé et Kit de Waal le montre très bien. Il est agressif, il vole à peu près tout et n’importe quoi du moment qu’il peut voler quelque chose (souvent par colère), il adore les gros mots et surtout, l’école c’est pas son truc. Il ne cesse de réclamer son frère, qui a été adopté par une autre famille, alors que lui reste dans une famille d’accueil provisoire. Une des seules choses qu’il aime, c’est découvrir le monde par lui-même, quand il roule à toute vitesse sur son BMX en direction des jardins partagés de la ville. Là-bas, il fait de drôles de découvertes, et rencontre des personnes qui vont beaucoup l’aider dans son parcours.

Même avec un récit enfantin, l’auteur réussit avec brio à nous évoquer les problèmes de son époque en Angleterre : sont brièvement cités les manifestations des Noirs alors que le pays connaît une vraie crise identitaire, la NRA en Irlande, le mariage princier et ses préoccupations… Tous ces phénomènes d’actualité en arrière-plan nous aident à avoir une idée de ce à quoi pouvait ressembler le pays à l’époque.

Un tumulte d’émotions en 300 pages

S’il y avait quelques petites longueurs, je n’en ai pas moins apprécié ma lecture, profondément touchante et intéressante. Je m’appelle Leon est un livre qui vous fait rire et presque pleurer, c’est un roman drôle, qui vous tient en haleine, un portrait très crédible d’une partie de la société anglaise des années 1980. Partez vite à la rencontre de ce petit bonhomme facétieux qu’est Leon, aussi détestable – car mal élevé – qu’adorable !

Je m'appelle Léon

Je m’appelle Leon (My name is Leon) ; Kit de Waal

Kero

25 août 2016

352 pages

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