Les derniers jours de Rabbit Hayes
La Lectrice

Les Derniers Jours de Rabbit Hayes d’Anna McPartlin

Quand Mia, que l’on surnomme affectueusement Rabbit, entre en maison de repos, elle n’a plus que neuf jours à vivre, même si elle refuse de l’accepter, tout comme ses proches qui assistent, impuissants, au déclin de leur fille, sœur, mère ou amie. Tous sont présents à ses côtés pour la soutenir : Jack et Molly, ses parents, incapables de dire adieu à leur enfant ; Davey et Grace, son frère et sa sœur, qui la considèrent toujours comme la petite dernière de la famille ; Marjorie, sa meilleure amie et confidente ; et enfin Juliet, sa fille de 12 ans, qu’elle élève seule. À mesure que les jours passent et que l’espoir de sauver Rabbit s’amenuise, sa famille et ses amis sont amenés à s’interroger sur leur vie et la manière dont ils vont se construire sans cette femme qui leur a tant apporté. Rabbit est au cœur de ce petit groupe et des préoccupations de chacun de ses membres. Si elle a perdu la bataille, celle-ci ne fait que commencer pour son entourage. Et Rabbit a quelques idées bien particulières pour leur faciliter la tâche. Mais très peu de temps pour les mettre en œuvre…

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Avec un titre et un résumé pareils, c’est clair, sortez les mouchoirs (même si ô fierté pour ma part je n’ai pas pleuré pour une fois). Depuis sa sortie, je voyais ce livre partout. Entre la revue dithyrambique de Miss Pretty Books, la moyenne de 18.3/20 sur Livraddict (avec quand même plus de 90 notes), et d’autres chroniques plus enthousiastes les unes que les autres, je me suis forcément laissée tenter. Parce que je suis un mouton, again. Et que j’étais quand même assez intriguée par ce roman sur lequel je ne me serais pas retournée en librairie autrement.

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Le roman du mélodrame

Concrètement, je m’attendais à du larmoyant, de la mièvrerie en barres et tout ce qui fait la recette gagnante pour faire pleurer dans les chaumières. Du pathos, et du pathos encore. Et il faut dire que même si ça m’énerve, je suis très sensible à ça. Je suis LA fille capable de pleurer dans la rue devant un cadavre d’oisillon écrasé. Parce qu’il a pas eu de chance et que c’est pas juste tout ça. Alors une histoire de cancer en phase terminale, avec une gamine qu’on va laisser orpheline… Clairement, j’avais toutes les raisons d’être une madeleine, again.

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Mais j’étais franchement loin du compte. Car si ce livre est triste – car il est triste, une femme qui meurt d’un cancer à quarante ans c’est triste – il est loin d’être larmoyant (dans le genre insupportable). En neuf jours, on s’attache aux personnages, à Rabbit, mais aussi à toute sa famille, pour le moins haute-en-couleurs. Entre les parents qui refusent de se résigner à la “future mort” de leur fille et qui veulent la faire bénir par tous les moyens contre son gré, la sœur qui pique sa crise et s’énerve contre toute sa famille, le frère, loup solitaire qui revient des Etats-Unis où il est musicien (mais légèrement paumé), et la fille de douze ans qui est bien plus mûre que moi à vingt… Y’a du lourd. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne s’ennuie pas.

Comment accompagner au mieux la fin de vie ?

L’auteur réussit à retranscrire la diversité des réactions que peuvent avoir tous ces personnages face à une situation horrible. Rabbit est encore là, mais on sait qu’elle va mourir. Personne ne peut plus rien pour elle. Et face à un fait, l’acceptation ne sera pas la même pour tout le monde… Il y a ceux qui préfèrent encaisser le coup en silence, ceux qui rient pour ne pas pleurer, ceux qui s’énervent contre la Terre entière et ceux qui ne comprennent toujours pas. C’est à travers cette palette de personnages et d’attitudes que j’ai commencé à adorer ce roman. Car si j’étais sceptique au début, l’histoire était captivante, touchante, et même si d’ordinaire j’ai beaucoup de mal avec ça, elle ne manquait pas de réel. De toute façon, on le sait, il n’y aura pas de happy ending. Juste une famille en crise qui doit se ressouder pour supporter un nouveau deuil.

Anna McPartlin mêle l’histoire de toute la famille à celle passée de Rabbit, dont elle se souvient par à-coups, alors qu’elle divague et dort souvent sous l’emprise de ses médicaments. Elle se rappelle Johnny, un garçon qui a marqué sa jeunesse. Je n’en dirai pas plus car j’ai eu du mal au début à comprendre l’intérêt de toute cette histoire. Et finalement, quand j’ai compris où elle voulait en venir, elle ne m’a fait que plus sourire encore.

Un roman aussi triste que lumineux

En bref, c’était une lecture douce-amère, mais puissante, et particulièrement réussie, bien au-delà de mes attentes. Le genre d’histoire dont on redoute la fin car on la connaît déjà… Mais on quitte presque Rabbit avec un certain soulagement, comme une vieille amie. Un roman avec un sujet difficile mais bien maîtrisé, et qui évite les écueils habituels, ce qui se doit d’être souligné !

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Les Derniers Jours de Rabbit Hayes ; Anna McPartlin

Le Cherche-Midi

18 février 2016

454 pages

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