La Vraie Vie – Adeline Dieudonné
La Vraie Vie d’Adeline Dieudonné est l’un des premiers romans les plus remarqués de la rentrée littéraire : sur la première liste du Goncourt, il a obtenu le prix du roman Fnac (succédant à Bakhita de Véronique Olmi qui avait été mon coup de cœur 2017) et on ne voit maintenant plus que lui sur les affiches du métro et des gares. J’ai continué ma découverte des premiers romans féminins de cette rentrée et j’ai enfin découvert celui-ci, afin de comprendre pourquoi il fait tant parler de lui :
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C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est un chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.
Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.
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Un conte belge angoissant
La Vraie Vie d’Adeline Dieudonné a au début tout d’un conte aux couleurs trop saturées. L’auteur plante son décor, une banlieue résidentielle, une famille avec deux enfants, normale à quelques exceptions près. Le père garde les cadavres de ses proies dans une drôle de chambre, quand la mère est assimilée à une « amibe », métaphore pour une femme qui ne quitte pas sa cuisine et s’interdit d’ouvrir la bouche par peur de représailles.
Un jour, les couleurs et les bruits explosent un peu plus, ça pète, ça pétarade, et tout fout le camp. Surtout le frère de la narratrice qui devient comme possédé. Pour que l’esprit tenace de « la hyène » quitte le garçon, sa sœur est alors prête à tout, y compris à chercher pour de bon la machine à remonter le temps.
Une narration crue et violente
La Vraie Vie d’Adeline Dieudonné est un roman aussi poétique que violent. La narration est volontairement crue comme adoucie par les propos d’une jeune fille qui ne comprend pas encore complètement le monde cruel des adultes. Elle a de la suite dans les idées, peut-être un peu trop, et une folle envie de s’en sortir. Le drame n’en sera que plus sanglant.
J’ai été très surprise par ce premier roman qu’on dévore en quelques heures à peine en retenant son souffle. La narratrice embarque son lecteur au Démo, son lotissement crasseux où tout le monde peine à cacher ses secrets derrière les rideaux. Les personnages sont volontairement caricaturaux, comme issus d’un grand livre d’histoires, où on trouve quelques gentils, mais aussi beaucoup de méchants.
La Vraie Vie d’Adeline Dieudonné est un premier roman particulièrement fort où la violence s’immisce de la façon la plus crue dans une famille d’apparence normale. Un conte moderne quasi dystopique qui fait froid dans le dos, par une auteur que je ne manquerai pas de suivre !
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La vraie vie ; Adeline Dieudonné
L’Iconoclaste
29 août 2018
270 pages
15 Comments
She reads a book
Très envie de le découvrir celui-ci !
Laroussebouquine
Je te le conseille !
L'ivresse littéraire
Quel engouement effectivement pour ce premier roman. Et je ne doute pas que ce soit mérité.
J’attends de mon côté quelques mois avant de m’aventurer entre ses pages. Trop de bruit, ça me bloque.
Laroussebouquine
Je te comprends, ça me fait la même chose pour beaucoup de titres !
Par exemple, je n’ai jamais ouvert “Petit pays” de Gaël Faye – j’ai beaucoup trop d’attentes désormais et j’ai peur d’être déçue !
Electra
IL fait tellement de bruit, je vais attendre de le lire tranquillement (je l’ai réservé à la bibli, sans doute en novembre …) contente que tu aies aimé !
Laroussebouquine
Je serais curieuse de savoir s’il te plaît !
Fanny
Plus je lis d’avis concernant ce roman, plus il me fait penser à certains romans américains très réalistes. Je suis impatiente de le lire à mon tour et de me faire mon propre avis. En tout cas, il semble marquer!
Laroussebouquine
C’est vrai qu’il a sans conteste quelques points communs avec des romans réalistes américains… Avec un côté poétique en plus !
Mes échappées livresques
je viens de le lire et effectivement il se lit d’une traite avec une atmosphère anxiogène qui nous happe jusqu’au dénouement
Laroussebouquine
C’est tout à fait ça !
CarnetParisien
Ton avis est l’un des premiers que je lis sur ce roman dont on entend beaucoup parler. Penses-tu qu’il pourrait me plaire ?
Laroussebouquine
Je pense oui ! Une fois qu’on rentre dans l’histoire, il est difficile de décrocher !
Popcorn & Gibberish
Il me fait terriblement envie ! 😉
Laroussebouquine
J’espère que tu auras l’occasion de le lire, il est assez marquant !
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