Agnès Ledig
La Lectrice

Le phénomène Agnès Ledig : on en pense quoi ?

Il y a ces auteurs que l’on voit partout : sur les quais de gare autant que dans les trains, dans les maisons de la presse, dans les salles d’attente chez le médecin. Il y a ces livres qui connaissent ce succès populaire monstre, dont les couvertures se ressemblent à chaque nouvel opus (souvent annuel), et qui semblent déjà entrés dans votre esprit même si vous ne les avez pas lus.

Dans le lot, en vrac : Gilles Legardinier, Agnès Martin-Lugand, Marc Lévy, Guillaume Musso, Nicolas Barreau, Laurent Gounelle, Michel Bussi… J’imagine que ces noms vous disent tous quelque chose (autrement vous devez certainement vivre dans une grotte).

Agnès Ledig : l’auteur “tête de gondole” ?

Pour moi, Agnès Ledig fait partie de ces auteurs. J’avais l’impression d’avoir vu, revu et re-revu ses livres à outrance, et tellement entendu parler que j’aurais pu les décrire moi-même. En disant ça, je ne tiens pas non plus à faire une critique de ces auteurs dans leur ensemble – ils ne sont pas forcément à mettre dans le même sac, déjà parce qu’ils n’écrivent pas forcément le même genre de romans. Leur seul vrai point commun : ce sont des auteurs à succès. Des auteurs populaires.

Les romans d’Agnès Ledig ne m’attiraient pas vraiment. Pour faire dans le préjugé jusqu’au bout, je m’attendais à des romans contemporains avec une pseudo-écriture poétique qui font pleurer les plus émotives d’entre nous, avec son lot de retournements tellement-pas-possibles-dans-la-vraie-vie, et des personnages tellement gentils que tout le monde leur fout une étiquette de “personnages authentiques”. De quoi me rappeler les romans de l’autre Agnès donc, Agnès Martin-Lugand que j’ai plus d’une fois eu envie de balancer par la fenêtre. Bref, vous sentez mon amour pour le genre.

Aller au-delà des a priori

D’une certaine façon, je ne m’étais pas complètement trompée. En découvrant sa duologie On regrettera plus tard et De tes nouvelles, j’ai vu que l’auteur aimait les personnages et les histoires qu’on voit seulement dans les téléfilms, en se disant qu’ils ont “une psychologie très développée”. Mouais.

Pour vous la faire courte, au début de On regrettera plus tard, un homme débarque chez Valentine, une jeune institutrice qui vit seule dans les Vosges en pleine nuit. Il semble être un vagabond et porte sa petite fille dans les bras, complètement malade. Qu’est-ce-qu’elle fait ? Elle les héberge – et les retient même chez elle ? Ok, je suis peut-être pas très humaniste, mais chez moi, si quelqu’un frappait au milieu d’une nuit d’orage et que j’étais toute seule, d’une je me terrerais sous mon canapé, et de deux j’ouvrirais pour rien au monde. Et si au grand jamais je décidais d’héberger deux personnes étranges chez moi pour une nuit, ce serait pas l’hôtel pour une durée indéterminée non plus ! Sérieusement : Ça n’arrive PAS dans la vraie vie les gars !

Evidemment ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, parce que j’aurais pu en relever beaucoup. Pour autant, j’ai lu la duologie avec plaisir, parce que justement, comme devant un téléfilm, ce genre de bouquins a un effet un peu pervers sur moi : je sais que je les trouve mauvais, mais ils ne m’empêchent pas de m’encrouter dans mon canapé pour les finir à toute vitesse parce que bon, c’est pas si nul que ça quand même. Un peu comme quand je défonce un paquet entier de Pringles devant une série même si c’est absolument stupide et mauvais pour la santé. Je sais que ça n’en vaut pas la peine, mais je le fais quand même.

Pour parler de ces deux livres à proprement parler, je soulignerai quand même avoir été un peu plus déçue par le second tome, dans lequel il ne se passe pas grand chose. On est quand même content d’avoir une suite (#maso toujours), mais on sent que l’auteur a un peu voulu étirer son histoire sans avoir grand chose à dire, ce qui n’est pas forcément une bonne chose.

Des romans quand même divertissants et légèrement addictifs

Finalement, même si je ne pense relire un de ses romans qu’un jour d’immense fatigue ou un soir avec un besoin irrépressible de réconfort immédiat (et encore, regarder Love Actually marche toujours mieux), je comprends pourquoi les romans d’Agnès Ledig marchent bien. Ils n’ont strictement rien d’exceptionnel et je ne comprends vraiment pas pourquoi les gens ont un coup de cœur pour ses histoires (ou si, je le comprends, mais jamais ça ne sera mon cas), mais :

  1. Ils se lisent à une vitesse folle et ont un côté un peu addictif (on en revient aux Pringles !)
  2. Les titres très énigmatiques de roman de gare, ça a toujours du succès
  3. L’écriture n’a strictement rien de fou, loin s’en faut, mais ça passe quand même
  4. Les scènes de cul ne sont pour une fois pas complètement à mourir de rire tellement on tombe dans le ridicule (coucou Fifty Shades)
  5. Ils ont le mérite de bien occuper l’esprit si on s’ennuie ou surtout si on a des problèmes perso et trop de mal à se concentrer sur un livre sérieux
  6. Ils sont parfaits pour un voyage en métro ou en TER où la probabilité est immense de tomber sur des gosses qui chialent ou un relou au téléphone

Certes, ce billet déborde encore une fois de cynisme mais je ne peux pas nier avoir passé un bon moment de lecture avec les deux tomes de cette série d’Agnès Ledig. Autre point important : aucun n’a patienté bien longtemps dans ma PAL, ce qui prouve que même si ce n’est pas bien qualitatif, j’avais bien hâte de me détendre avec ces lectures !

En gros, si vous aimez les histoires un peu faciles mais qui s’enchaînent bien, les bons sentiments et que vous n’avez pas les livres de développement personnel en grippe… laissez-vous tenter – et ne faîtes pas comme moi, évitez l’orgie de Pringles !

De tes nouvelles lu en lecture commune avec CarnetParisien : son avis ici !

19 Comments

  • CarnetParisien

    Merci pour le lien ma jolie. Je comprends totalement ton avis, c’est une auteure que je lis avec plaisir même si ses romans n’ont rien de bien extravagant. Je suis curieuse de découvrir Juste avant le bonheur (même si la fin m’a été spoilée par l’auteure elle-même).

    • Laroussebouquine

      Ah c’est celui-là qu’elle t’a spoilé ? Effectivement tu me diras du coup !
      Je ne suis pas sûre de relire un de ses romans tout de suite, mais à l’occasion pourquoi pas !

    • Laroussebouquine

      Je préfère aussi mille fois les livres de Gilles Legardinier, d’ailleurs je viens de terminer “Quelqu’un pour qui trembler” et j’ai encore bien ri !

  • LePetitCrayon

    Oh mon dieu je suis tellement d’accord avec toi sur cette analyse de ces auteurs “que l’on voit partout”! M’est avis que tu n’es pas cynique mais juste très réaliste 🙂 Bel article par ailleurs !

  • Ludo

    J’ai souvent ce sentiment d’auteur(e)s que l’on voit partout et qu’on a l’impression d’avoir mangé à toutes les sauces sans avoir eu leurs bouquins en main 🙁
    J’avoue que ça ne me donne pas du tout envie de les découvrir même si je le fais bien à un moment ou l’autre ^^
    Je vais bientôt me mettre a découvrir Martin-Lugand parce qu’on m’en a offert un <3

  • Electra

    Je me demandais quel était le sujet de ton billet .. oui on l’a voit partout, par contre j’ai lu que si certains avaient aimé son premier roman (le truc avec le café…) d’un point de vue général, la suite était nulle … mais le succès au rendez-vous, l’éditeur a du lui commander une suite. Pour cette duologie, je la découvre avec toi.
    Il faut dire que la liste des auteurs que tu cites (et oui qu’on voit partout, surtout dans les relay des gares) me rebute ! J’ai tenté de lire un Musso et un Levy il y a des années – ok (et j’avais pas de Pringles!) j’ai compris : NON !

    J’ai aussi lu un Legardinier prêté par une amie : j’ai pas du tout aimé), en fait je déteste les livres de développement personnel donc je suis mauvaise cliente. En fait, je n’aime pas les lectures “faciles” je préfère encore un bon téléfilm de M6 !!!

    • Laroussebouquine

      Haha, avec le café tu confonds, c’est Agnès Martin-Lugand du coup.
      Ça montre bien que c’est pas ton truc, et je te comprends !
      (c’est aussi pour ça que j’aime tant te lire d’ailleurs : tu me fais découvrir plein d’autres choses !)

      • Eva

        moi aussi je confonds les deux Agnes!
        je ne lirai pas ces romans, mais ton billet m’a fait bien rire!
        (et c’est quoi cette histoire de l’auteure qui spoile la fin de son propre livre?!)

        • Laroussebouquine

          C’était pendant un salon je crois, et l’auteur a parlé de son livre à deux blogueuses, donc en spoilant la fin à celle qui l’avait pas encore lu. Les boules !
          Et si au moins je t’ai fait rire, c’est l’essentiel !

  • Popcorn & Gibberish

    Je n’ai lu que Juste avant le bonheur qui m’a fait pleurer comme une madeleine.
    Je ne sais pas si j’en relirais d’autres car les pitchs ont l’air cucul, alors bon, on verra.
    En tout cas ton article m’aura fait rire !
    Bisous

    • Laroussebouquine

      C’est déjà ça !
      Mais tout le monde me dit du bien de “Juste avant le bonheur” plus que de ses autres livres. Peut-être qu’il faudrait que je le lise pour me faire une idée ?

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