La Lectrice

Agnès Martin-Lugand et moi… Une histoire Compliquée !

Agnès Martin-Lugand, c’est l’histoire d’une réussite comme beaucoup d’auteurs en rêvent. Après avoir publié son premier roman Les Gens heureux lisent et boivent du café sur Amazon (en bref, en auto-publication), elle s’est fait remarquer par Michel Lafon qui lui a proposé d’éditer son premier roman chez eux. Et depuis l’aventure continue, puisqu’elle a eu le temps de publier trois nouveaux romans (un roman par an, c’est dire !).

Parmi ces autres romans, la suite des Gens, à savoir La vie est facile, ne t’inquiète pas, mais aussi deux one-shot, Entre mes mains le bonheur se faufile, et le tout dernier né, qui vient de sortir ce mois-ci chez Michel Lafon toujours, Désolé, je suis attendue. (Oui l’auteur aime les titres à rallonge.) Le seul que je n’ai pas lu. Car oui, depuis le début du mois d’avril, j’ai décidé de m’offrir une petite session de rattrapage. J’ai sorti ses deux premiers romans de ma PAL, et j’ai couru chercher la suite des Gens en bibliothèque.

Et au lieu de trois revues consécutives un peu barbantes, je me suis dit que j’allais vous donner mon avis sur ces livres – car ils m’ont tous plus ou moins laissé la même impression. Et au vu du titre, vous devez vous en doutez, cette impression n’est pas forcément fantastique. Mais alors pourquoi lire trois livres d’un coup en à peine quelques semaines, vous allez me dire ?

Parce que non, je ne suis pas encore totalement maso. Pas encore. J’ai littéralement dévoré les trois livres en quelques jours à peine. En levant les yeux au ciel à chaque fois, mais en voulant toujours en avoir plus à la fin. A croire qu’on en revient toujours à la même catégorie, à savoir : LE FAMEUX LIVRE CHEESY COMME LES TELEFILMS DE M6 DE L’APRES-MIDI. Ces trucs larmoyants au possible, qui puent le sentimentalisme niaiseux à dix bornes, mais qui vous scotchent à votre fauteuil tout l’après-midi alors que vous avez des partiels à réviser. Non non, ça ne sent pas du tout le vécu.

Gif10_exact540x405_l (1)

En gros, les livres d’Agnès Martin-Lugand, c’est ça. De la niaiserie et des personnages pour la plupart bien caricaturaux (on a le meilleur pote gay qui baise à droite à gauche, le mec qui trompe sa femme à tour de bras, le mec viril et insaisissable – et forcément barbu – les parents qui n’écoutent rien, la mère de substitution alors qu’on la connaît depuis deux mois à peine… Voilà pour le catalogue). Et pourtant, ça fait effet. C’est comme les spectacles de magie, on se tue à y croire, parce que ça réchauffe notre petit cœur. Allez Edward, je sais que t’es un homme blessé, laisse-moi te faire un gros câlin. La niaiseuse que je suis reprend le dessus, pas plus tard qu’hier j’ai encore lu cent-cinquante pages de mièvrerie dans mon bain, et après je me sentais toute chose. Ou presque. Il me fallait du réconfort, donc j’ai harcelé mon amoureux à l’autre bout de l’Atlantique, et j’ai mangé plein de cochonneries devant Grey’s Anatomy. Géniale, la soirée cocooning pseudo-reposante.

Bref, je divague, comme d’habitude.

Je crois que ce qui m’a le plus agacé avec ces bouquins, c’est l’écriture. Franchement passable, rien de transcendant. Disons qu’au vu du succès de ses livres, je m’attendais clairement à autre chose. On se moquait d’EnjoyPhoenix qui prenait quatorze mille thés dans son torchon de deux cents pages, mais là… L’héroïne des Gens, Diane, doit fumer à peu près trois cents clopes et boire cinquante cafés dans la duologie. Autant dire qu’au début, ça passe, après, ça agace. (et en plus je me mets aux rimes…). Disons que l’image de la fille dépressive qui fait passer son malheur dans les clopes, ça m’a vite tapé sur le système.

Peut-être que je suis dure. Sans doute. Mais j’avoue que ces livres m’ont laissée dans une incompréhension totale. A chaque fois que j’en terminais un, j’étais triste parce que j’en aurais voulu plus. Mais en même temps, j’avais la sensation pure et simple d’avoir lu une romance bien nunuche. Petit florilège de citations à l’appui :

“Je m’approchai de la flamme, en me disant de ne pas me brûler les ailes.” La vie est facile, ne t’inquiète pas

“Si je commence une histoire avec toi, je te reprocherai un jour ou l’autre de ne pas être lui… d’être toi. Je ne veux pas de ça… Tu n’es pas ma béquille, ni un médicament, tu mérites d’être aimé sans condition, pour toi seul et non pour tes vertus curatives. Et je sais que… je ne t’aime pas comme il faut. En tout cas, pas encore. Il faut d’abord que je me reconstruise, que je sois forte, que j’aille bien, que je n’aie plus besoin d’aide. Après ça, seulement, je pourrai encore aimer.” Les Gens heureux lisent et boivent du café

“Je m’habillai avec soin, ne pensant qu’à lui : être belle pour lui encore une fois. Avec un peu de chance, je ne disparaîtrais peut-être pas tout de suite de sa mémoire.J’enfilai une jupe crayon et un chemisier noirs. Je mis mes stilettos de luxe pour la dernière fois avant très longtemps, je n’aurais pas l’occasion de les porter à la maison. Je lissai mes cheveux, les laissai libres dans mon dos, et me maquillai. Je mis mon imperméable en toile et cuir noir, fermai la ceinture. Un coup d’œil dans le miroir. J’étais prête à lui dire au revoir.” Entre mes mains le bonheur se faufile

Gif9_exact540x405_l (1)

Je comprends que cela puisse émouvoir énormément de gens. Mais très honnêtement, avec du recul, pour ma part ça me fait plus rire qu’autre chose. Je n’arrive juste pas à comprendre pourquoi cela peut sembler authentique à certaines personnes. En lisant ce genre de livres, le seul plaisir que j’y prends est celui de me faire berner d’illusions pendant quelques heures, comme dans un film surjoué. Pour moi, lire ce genre de livres, c’est un peu faire l’expérience de Disneyland Paris : tout est beau, mais tout est fictif. Et si l’on y croit trop, ça devient vite ridicule.

En bref, encore un article bien long pour peu de choses : je pense que je lirai avec plaisir les autres livres de l’auteur, mais avec BEAUCOUP de recul. Pour passer une bonne soirée bien kitsch (on met Hello de Lionel Richie en fond sonore et on y est), pour se détendre après une semaine bien pourrie. Mais ça s’arrête là. Vraiment.

couv56265862  couv69421994  couv18014043

Et promis, ça n’enlève rien au fait que l’auteur est adorable. Et trop mignonne, qui plus est.

24 Comments

  • Youssra Khfr

    C’est une auteur qui me donne vachement envie. Je vois que les avis sont souvent mitigés sur ces romans. Certains adorent, d’autre moins.. Je pense tenté un de ces livres sous peu pour me faire mon propre avos. Le dernier qu’elle a sortie me tente pas mal ^^ merci pour ton avis en tout cas !

    • Laroussebouquine

      Tu as bien raison de vouloir te faire ton propre avis… je pense que c’est encore ce qui fonctionne le mieux ! 😉
      Mais oui, j’ai comme toi l’impression que soit on adore, soit…on est un peu déçus. Mais je te rejoins sur le fait que le résumé du dernier me donne aussi très envie – et je risque sûrement de le lire à l’occasion d’ailleurs !

  • Horizondesmots

    Je n’en ai lu aucun mais rien qu’aux couvertures et aux titres (certes, c’est superficiel) qui puent la nunucherie (titres en lieux communs, portrait de working girl un peu fragile et les cheveux au vent) ça ne me fait pas du tout envie ! Les citations que tu as choisies me font mourir de rire, et me confortent dans mon idée de départ 🙂
    Dommage que ce concentré de mièvrerie fasse vendre…

    • Laroussebouquine

      J’avais vraiment peur d’être trop cassante… Mais je vois que non ! Contrairement à toi les couvertures me donnaient plutôt envie, et j’avais vu de bonnes critiques alors je partais vraiment confiante ! Du coup j’ai un peu déchanté…

  • Elle comme Lire

    Tout d’abord merci pour ton honnêteté et ton objectivité. Au vu de ta chronique, ces livres sont tout ce que je ne supporte pas dans un bouquin : du sentimentalisme décomplexé , des personnages stéréotypés qui nous font part de leur états-d’âme à outrance…. J’ai l’impression qu’il y a un engouement en ce moment pour ce genre de littérature, qui fait plus appel aux sentiments qu’à la réflexion et personnellement j’ai du mal à m’y retrouver. Mais bien entendu il en faut pour tous les goûts…

    • Laroussebouquine

      C’est clair que quand on regarde les livres qui marchent le mieux en ce moment,il y en a beaucoup de cette catégorie ! Et moi-même j’en lis beaucoup ! Je pense qu’il y beaucoup de choses à prendre et à laisser dans ces livres. Mais pour le coup, certaines phrases ou situations m’ont vraiment fait sortir de mes gonds tant elles frisaient le ridicule.
      Dans le genre, j’aime beaucoup les livres de Gilles Legardinier. C’est tout aussi commercial, mais pour le coup, c’est tellement drôle !

  • Accalia

    Je vais faire l’impasse…je n’avais pas trop envie de les lire déjà, mais ta critique me donne encore plus raison, ce n’est pas pour moi, je crois que je serais trop agacée! Merci en tout cas pour cet article, grâce à toi, je ne vais pas perdre du temps! ^^

  • CarnetParisien

    Comme tu le sais, j’adore Agnès Martin-Lugand. Et je trouve ta chronique presque méchante, pour une fois. Elle est construite (je comprends totalement pour les personnages caricaturaux), mais par endroits je trouve que tu t’acharnes un peu ^^ Son écriture, moi, j’aime beaucoup. J’ai pas besoin qu’on m’écrive des phrases à la Proust pour me toucher et me parler des sentiments avec vérité. Je pense que ça m’a plu parce que je m’y suis retrouvée. Et en plus, désolée, mais pour moi les petits bouquins tout niais se terminent forcément bien, or ce que j’ai tant aimé avec Les Gens, c’est cette fin ! Désaccord puissant 😉

    • Laroussebouquine

      A vrai dire je m’attendais à beaucoup de commentaires comme le tien, et c’est tout l’inverse !
      Sur Instagram j’ai eu des tas de gens qui ont commenté en disant aussi qu’ils trouvaient ça fade et commercial, mais qu’ils avaient la sensation de se sentir un peu seuls vu le succès fou de ces livres…
      Ce qui m’a un peu rassurée sur le coup !
      Je te comprends totalement – et à vrai dire je n’en aurais pas lu 3 presque d’affilée si je n’avais pas apprécié quand même un peu – mais pour le coup l’écriture me gêne vraiment trop… On en reparlera avec le Nicolas Barreau – qui est vraiment dans le même genre – mais je trouve qu’il a vraiment quelque chose en plus qui fait que ça me gêne beaucoup moins (si je suis claire…)

      • CarnetParisien

        Effectivement, je peux comprendre que ça ne plaise pas. Ce que je ne comprends pas en revanche, c’est pourquoi tu lis trois livres pour ensuite les démonter, car tout n’est pas constructif à mon sens dans ta chronique. 🙂
        Hâte de lire le Nicolas Barreau pour qu’on en discute en effet !

  • Virginie Cayha

    Ahahah j’ai adoré ton article !
    Je n’ai lu que Les gens, et j’ai adoré, franchement, je m’y attendais pas mais ça a été un gros coup de coeur. En parlant avec une de mes collègues, elle me dit qu’elle est entrain de le lire et qu’elle a juste l’impression de lire un bon vieux Harlequin. C’est vrai que c’est cliché au possible, mais je n’ai pas trouvé ça niais pour autant, comparé à d’autres romances que j’ai pu lire (et encore je ne suis pas une mordue) qui m’ont fait lever les yeux au ciel plus d’une fois.
    Mais je pense comme toi, qu’il faut prendre ses livres avec du recul, en ne s’attendant pas à grand chose, mais juste un bon moment de détente ^^

    • Laroussebouquine

      J’ai déjà lu des romances bien plus niaiseuses, je suis tout à fait d’accord avec toi ! D’ailleurs je lis volontairement très peu de new romance, ça me fait vite lever les yeux au ciel.
      Mais je suis contente que mon article t’ait fait rire – même si visiblement tu as un avis un peu plus enthousiaste que le mien !

  • La bibliothèque de Bénédicte

    Je comprends ton point de vue, et comme tu le sais je te rejoins sur pas mal de choses. 😉 (même si pas sur tout). Les téléfilms M6 de l’après-midi… Je crois que tu viens de poser le doigt pile sur ce que je n’arrivais pas à mettre en mots. Mais c’est exactement ce que je ressens : on passe un bon moment, on dévore le roman pour vite connaître la suite, et finalement ça manque d’un petit quelque chose.

    • Laroussebouquine

      Un petit peu… Mais je trouve que ce n’est pas trop gênant si on le reconnait – ça m’embête plus quand je vois des chroniques où les gens disent qu’elle raconte “la vraie vie” et des “choses authentiques”. Parce que point de vue caricatural, c’est quand même pas mal…

  • My Little Anchor

    Effectivement, tu n’y vas pas par quatre chemins ! C’est vrai que c’est limite méchant comme avis mais je conçois qu’on ne puisse pas tout aimer ^^. Je pense que étant donné que tu t’identifies pas, tu ne peux pas comprendre pourquoi certaines personnes comprennent la situation comme pour “les gens heureux lisent et boivent du café”. Tant qu’on ne vit pas la même chose, on ne comprend pas. Si je n’avais pas perdu mon papa, peut-être que je l’aurais moins aimé qui sait ^^
    Personnellement, la lecture reste un plaisir, je suis pas là pour l’analyser et dire ce qui va ou pas. Du coup, on aime ou on n’aime pas ^^ Enfin bref.

    • Laroussebouquine

      Je suis assez d’accord avec toi… Même si comme je l’ai écrit dans l’article, ce n’est pas vraiment la façon dont le deuil est raconté qui m’a gênée, bien au contraire, j’ai trouvé que c’était peut-être justement ce qu’il y avait de plus réaliste.
      Ce que je n’aime pas dans ses livres, c’est l’écriture, et les personnages totalement clichés. Après je lis d’autres livres du même genre où ça me gêne moins… Comme quoi parfois j’y trouve mon compte aussi ! Mais là malheureusement ça ne passe pas.

  • Clélia Valmont

    Bonsoir, je te suis sur instagram et en voyant ton commentaire à côté de la photo, j’ai su que je devais venir ici rechercher la critique… J’ai eu bien raison, je me suis tordue de rire! J’ai lu mon premier Agnès Martin-Lugand après l’avoir reçu en cadeau… J’ai failli vomir un arc-en-ciel.
    Ce qui m’interpelle le plus, c’est lorsque je lis des critiques de lectrices qui trouvent le personnage de la buveuse de café “formidable, si réaliste, si attachant etc etc” :/ On parle bien de la même nunuche aboulique ?
    Certains clichés sont pardonnables en littérature. Nous avons tous dans notre entourage des clichés, des archétypes bien vivants sous nos yeux: Méduse, l’éternel adolescent, le/la rebelle, le sage… Mais être carrément transposée dans le monde de Barbie et Ken, c’est autre chose 😀

    Merci pour le fou rire 😉

    • Laroussebouquine

      Contente de voir que plusieurs années après, cet article fait toujours autant sourire ! Je n’ai en tout cas jamais retenté l’expérience avec l’auteure depuis…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *