La Lectrice

Le plus gros connard de la rentrée littéraire… – La Fuite d’Eve Chambrot

La Fuite ; Ève Chambrot

Envolume

25 août 2016

94 pages

Quatrième de couverture : C’est un homme ordinaire : comme tant d’autres, il veut gagner de l’argent, réussir. A la tête de sa petite entreprise, il mène une existence confortable. Un jour, les clients disparaissent, les dettes s’accumulent et tout s’effondre. Dès lors, il aura une seule préoccupation : que personne n’en sache rien.

Roman obsédant, La Fuite décrit une descente aux enfers pavée de mensonges et de suspicions, où l’orgueil prime sur les sentiments. Un quotidien qui se transforme en tragédie.

Mon avis : Pour cette troisième lecture de la rentrée littéraire, j’avais de nouveau choisi un livre court. Faut dire ce qui est, chez moi, un livre court c’est toujours un peu plus encourageant. L’ancienne assistante d’édition de chez Envolume m’avait tellement bien vendu ce livre que j’avais très envie de le lire. C’était une découverte assez intéressante, mais attention toutefois, ayez les tripes bien accrochées.

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La Fuite, c’est l’histoire d’un gros con. C’est clair que niveau personnages attachants, on repassera. Pas de ça ici, l’auteur nous fait le portrait d’un homme qui perd complètement les pédales, jusqu’à en devenir fou – et naturellement détestable au possible. Autant dire que vous risquez de ne pas vraiment le suivre dans ses raisonnements tant ses réflexions semblent aberrantes. Mais c’est le but. L’auteur crée un personnage avec une personnalité complexe, qui va d’échec en échec, et prend toutes les mauvaises décisions sous l’effet de la colère et de la précipitation. Il avait sa petite entreprise, elle coule peu à peu, il veut lancer de nouveaux projets, mais rien ne marche, il se met à emprunter de l’argent à tout le monde… Je ne vous raconterai pas la suite pour ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture, mais il me semble que certains détails sont facilement devinables. Tout va de mal en pis, et l’homme devient un parfait connard, au fond il ne se reconnaît même plus lui-même.

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L’auteur alterne les passages de narration entre le point de vue de l’homme et de celui de sa femme, Sabine. Elle montre combien son mari est devenu un monstre, elle ne le reconnaît plus, il lui fait peur. Parce que forcément, il est devenu violent (ça va dans le package).

Ce roman amène vraiment à la réflexion et c’est ce que j’ai beaucoup aimé. Il nous dresse le portrait d’un homme qui a tout d’un monstre. Et pourtant n’a t-il pas quelque chose d’humain ? Il a essayé, il a tout perdu. Il en devient tout simplement dingue. Mais cela est-il si choquant ? De plus, il soulève de façon habile la question des attentes que les uns et les autres peuvent avoir dans une société. Il faut réussir, faire des enfants, subvenir aux besoins de sa famille lorsqu’on est un homme, surtout ne jamais parler de ses échecs. Parce que ça pourrait faire tache. Ce livre nous fait réfléchir sur le rôle des apparences – souvent trompeuses – et la façon dont on peut se relever – ou non – d’un échec cuisant.

“Voilà. Il avait fondé une famille, il était devenu quelqu’un de responsable. Ne manquaient plus que des revenus professionnels réguliers et la plupart de ses objectifs seraient atteints.”

La fin m’a littéralement coupé le souffle. Non pas que je ne m’y attendais pas, mais quand même. C’est finalement logique selon l’avancée de l’histoire, mais ça vous retourne forcément le bide. Ou alors vous êtes comme Mister Boo dans Fort Boyard, je dis ça je dis rien. 

C’était donc une lecture intéressante, qui m’a peut-être plus fait réfléchir une fois que je l’avais terminée. Le portrait d’un parfait connard, que l’on veut tuer pendant la lecture, mais qu’on comprend presque une fois le livre refermé. Loin du roman feel-good, ce livre n’en est pas moins intéressant ; il soulève des questions d’identité, d’intégrité et de dignité. Je n’en garderai peut-être pas un souvenir impérissable, mais c’est tout de même un livre qui marque le lecteur, ou du moins le brutalise un peu au fur et à mesure des pages.

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