Et si tu n’existais pas – Claire Gallois
“Ce livre, c’est un peu comme un secret que je vais dire à tout le monde. L’histoire d’un engagement que j’ai pris enfant et que je n’ai jamais oublié. Nous sommes dans les années quarante. J’ai six ans et je n’ai jamais vu ma mère. Un dimanche de juillet, elle arrive dans une belle Citroën noire et m’emporte en dix minutes. Ma nourrice court dans la poussière blanche soulevée par la voiture et jette son tablier noir sur sa tête. Je grimpe contre la lunette arrière et je lui dis en moi-même : Je te retrouverai, je te le jure. “
Parmi tous ces livres consacrés aux mères (les formidables, les maladroites comme les grandes absentes), Et si tu n’existais pas de Claire Gallois ne figurera certainement pas au sommet du classement. En recevant ce livre via la Masse Critique Babelio j’étais globalement pleine de bonnes attentes, mais j’ai vite déchanté.
Une mère peu présente
La narratrice décide de revenir sur plusieurs années de son enfance et notamment sur le moment qui en marquera le déchirement : celui où sa mère biologique décide de la récupérer après plusieurs années, alors qu’elle vivait chez sa nourrice, qu’elle appelle Yaya. Avec Yaya tout est beau : la vie est faite de comptines, de chatouillis et de déclarations d’amour, suffisamment de quoi enchanter la vie d’un enfant de cinq ans. Mais le bonheur n’est que de courte durée et quand celle que l’on appelle “la vraie mère” refait surface, la narratrice entre dans un monde beaucoup plus feutré où les effusions de joie comme de colère ne sont pas vraiment permises. Sa génitrice est une femme froide et attend de sa fille un comportement irréprochable, dans un milieu plutôt riche où l’on essaie de préserver les apparences alors que la Seconde Guerre Mondiale éclate et la milice a tous les droits dans Paris.
L’auteur nous amène à réfléchir sur ce qui lie un enfant à sa mère, que ce soit le sang ou l’amour. Et même si c’est un thème un peu galvaudé, certains passages m’ont quand même fait sourire, me rappelant tour à tour Enfance de Nathalie Sarraute ou Les Malheurs de Sophie (dans un genre très différent, on en convient). J’ai dans l’ensemble bien aimé la plume de l’auteur même si je lui ai quand même trouvé un charme désuet ; j’ai eu la sensation d’être projetée parfois dans un univers presque proustien auquel je n’accroche pas du tout.
“L’argent achète tout, y compris la soumission et le sourire obligatoire. Tout, sauf le respect d’autrui.”
Histoire d’un flop
Et si tu n’existais pas est un court roman, mais pour autant la lecture est un peu laborieuse : la narratrice passe souvent du coq à l’âne, au gré de ses souvenirs ce qui rend parfois le propos confus et surtout donne l’impression que tout est survolé. Je ne me suis attachée à aucun personnage, même pas à Yaya et même la scène finale m’a laissé un goût d’amertume, sans m’attendrir vraiment.
Malgré une quatrième de couverture accrocheuse, je n’ai donc pas réussi à apprécier ce texte parfois fouillis, et où on a – quand même – un peu le sentiment que l’auteur se regarde écrire.
Un joli flop de cette rentrée littéraire d’hiver !
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Et si tu n’existais pas ; Claire Gallois
Editions Stock
2 janvier 2017
142 pages
8 Comments
L'ivresse littéraire
Oh je n’avais pas encore lu de réelle déception sur ce livre même si j’avais noté que plusieurs lecteurs y trouvaient beaucoup de confusions dans le récit. Il me semble qu’il s’agit d’une auto-biographie, d’où peut-être ces confusions. J’avais souvenir par exemple dans “Comment tu parles de ton père” de Joann Sfar qu’il y avait également ce fouillis dans les souvenirs par moment. Serait-il compliqué de retracer son histoire de façon intacte ? Certains sont plus doués que d’autres pour retranscrire la mémoire (le dernier Besson en est la preuve). Allez next du coup 🙂
Laroussebouquine
Je me suis justement demandé si c’était autobiographique ou non !
Je suis assez d’accord avec toi, je pense que c’est toujours compliqué de restaurer une certaine chronologie… Mais bizarrement dans certains livres ça ne me pose aucun problème ! Je pense qu’ici j’ai eu plus de mal car en plus l’histoire ne m’a pas franchement convaincue et j’ai eu l’impression de suivre l’auteur dans tout un tas de digressions sans intérêt…
Ludo
Bon et bien je passerais mon tour dans ce cas ! C’est vraiment fatiguant quand une lecture est confuse comme ça 🙁
En plus le thème de la mère est difficile pour moi…. Alors si en plus c’est mal fichu !
PS : Je vais sûrement avoir du Joe Dasin en tête toute la soirée ^^
Laroussebouquine
Je me doutais que je ne serais pas la seule à fredonner Joe Dassin après ça !
Non plus sérieusement c’est vrai que je ne te le conseille pas trop, je pense que tu n’aimerais pas beaucoup non plus !
NovaBaby
Bon, ben moi aussi je suis dans la team Joe Dassin, hein !
C’est vraiment dommage, le résumé le tentait pas mal aussi, mais du coup, je vais passer mon tour sans regrets !
Laroussebouquine
Je pense que tu trouveras bien mieux dans le même genre !
livresetbonheurs
Pareil, j’ai trouvé la lecture laborieuse… 🙂
Laroussebouquine
Je crois effectivement que je suis loin d’être la seule…