La Lectrice

Le Cas Zéro – Sarah Barukh

Après mon coup de cœur l’an dernier pour Elle voulait juste marcher tout droit, j’attendais impatiemment la sortie de Le cas zéro de Sarah Barukh, son nouveau roman dans un registre très différent.

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Tout commence par un cas. Incompréhensible et inquiétant. Une série de symptômes incohérents et d’une gravité extrême. Laurent Valensi, médecin à l’hôpital Saint-Louis, ne sait comment soigner son patient, un certain Ali Benyoussef. Déchiré entre sa famille qui veut le protéger d’une éventuelle contamination et un chef de service sans scrupule, il se lance dans une course contre la montre. En dépit de ses doutes, et face aux menaces qui pèsent chaque jour un peu plus sur lui, il va se battre pour sauver cet homme et faire éclater la vérité : si ce patient était le cas zéro de la terrible épidémie qui fait rage aux Etats-Unis et que l’on appelle « le cancer homosexuel » ? Un thriller angoissant où Sarah Barukh, l’auteur de Elle voulait juste marcher tout droit, nous tient en haleine de la première à la dernière page.

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Le cas zéro de Sarah Barukh nous plonge au milieu des années 80, quelques jours avant Noël. Certains premiers cas de sida ont été découverts aux Etats-Unis (sans d’ailleurs encore en porter le nom) et apparaissent comme une menace. A Paris, Laurent Valensi, chef de clinique à l’hôpital Saint-Louis est persuadé d’avoir trouvé le premier cas. Le cas zéro. Mais s’il veut le soigner, il devra tout faire pour le cacher – beaucoup préfèrent étouffer le scandale et certains ont des intérêts pour le moins douteux dans l’affaire…

Je suis née en 1996 ; je n’ai pas connu le gros de ce qu’on a appelé “les années sida”. Après avoir vu 120 battements par minute à l’automne, Le cas zéro m’a permis de découvrir une autre facette de cette maladie : celle de l’époque où le sida représentait une inconnue. Celle où même les médecins ne savaient pas s’ils ne seraient pas contaminés rien qu’au contact des malades. Celle où reconnaître la maladie n’était pas forcément envisagé car cela impliquait trop de conséquences économiques et sociales.

Sarah Barukh nous propose une nouvelle fois un roman particulièrement fort et très documenté ; une fois le livre refermé, on a encore envie d’aller en savoir plus et de faire soi-même des recherches sur le sujet. Elle change toutefois totalement de registre en signant un roman avec une intrigue forte digne d’un thriller. C’est peut-être finalement selon moi le seul bémol ; n’étant pas une grande adepte du genre, j’ai parfois été un peu dépassée par le rythme et les événements qui nous éloignent de la simple intrigue médicale, même si j’ai apprécié le fait que l’auteur me surprenne.

Si le roman comporte quelques faiblesses, il m’a pour autant bouleversée et c’est un véritable page-turner sur un sujet bien peu abordé en littérature. Il permet aussi de mieux reconsidérer cette maladie encore aujourd’hui vue parfois comme une tare, et qui si elle n’est plus mortelle, est toujours très sérieuse.

Le cas zéro de Sarah Barukh est un roman digne d’un bon thriller psychologique sur les dessous d’une maladie que l’on a longtemps décidé d’ignorer, ainsi qu’un incroyable témoignage d’une époque où le sida a paralysé des équipes médicales entières. S’il ne m’a pas autant touchée qu’Elle voulait juste marcher tout droit dans une autre mesure, c’est un deuxième roman très réussi, dans un genre très différent !

“Laurent avait vite compris que le chagrin, c’était d’aimer encore, et que son père aimerait sa femme à la folie jusqu’à sa propre mort.”

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le cas zéro de sarah barukh –

Le cas zéro ; Sarah Barukh

Editions Albin Michel

9 mai 2018

544 pages

 

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