l'âge de raison de jami attenberg
La Lectrice

L’Âge de Raison – Jami Attenberg

Je me suis plongée dans LÂge de raison de Jami Attenberg à corps perdu, un peu comme je m’étais jetée à l’époque sur Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés quand je l’avais trouvé en bibliothèque. J’étais littéralement tombée amoureuse de ce livre. J’étais donc plus qu’impatiente de découvrir le nouveau livre de l’auteur aux éditions Les Escales, dont l’histoire se déroule encore à New York (avec une couverture pareille, on s’en doute rapidement !). Mais attention : en dehors d’une héroïne un peu soupe au lait et plutôt farfelue, ce roman n’a strictement rien à voir avec Mazie – mieux vaut être prévenu !

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Les tribulations d’une New-Yorkaise bien décidée à vivre selon ses propres règles. Autour d’Andréa, célibataire légèrement alcoolique ayant renoncé à sa vocation artistique, tout le monde semble avoir une idée bien précise de ce que signifie “être adulte” : Indigo, sa meilleure amie, a choisi de se marier, son frère vient de devenir papa, et son ami Matthew consacre tout son temps à la peinture en espérant percer un jour. Pour Andréa, la vie d’adulte ressemble surtout à une lutte permanente. À l’ombre de l’Empire State Building, elle cherche sa voie. Comment tracer son chemin à New-York quand on aime les pas de côté ? Existe-t-il vraiment un âge de raison ?

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Mais grandis un peu !

Mais bon sang, tu as quel âge ? – Qui n’a pas déjà entendu au moins eu une fois cette question ? Comme si l’âge nous imposait d’avoir une certaine conduite, et surtout un peu de sérieux. L’âge et les conventions sociales est le sujet que Jami Attenberg a choisi d’aborder en filigrane dans ce nouveau roman, où l’héroïne est un petit peu à côté de ses pompes.

Andrea est une trentenaire (presque quarantenaire d’ailleurs, mais elle ne préfère pas trop en parler) new-yorkaise avec une vie bien peu routinière. Elle fonctionne au coup de tête et à l’envie, quitte à le regretter parfois ensuite. C’est-à-dire que ses intuitions ne sont pas toujours très bonnes… Andrea n’a plus vingt ans, et c’est peut-être ça le vrai problème : parce qu’une femme de son âge qui vit dans son studio aux meubles dépareillés, prend de la cocaïne le samedi soir juste comme ça, fait son travail par-dessus la jambe et n’a aucune idée de ce qu’elle veut faire ensuite, à son âge, ça ne fait plus rire personne. Autour d’elle, force est de constater que tout le monde a changé : son frère qui passait sa vie sur les routes pour son groupe de rock vient de s’installer dans une maison de campagne et d’avoir un bébé, tout comme sa meilleure amie Indigo, qui ne jure plus que par les phrases magiques de développement personnel et son mari riche et parfait.

“Autour de toi, certaines personnes évoluent avec une aisance confondante. Rien ne semble leur poser problème : ni réussir leur vie professionnelle ni acheter un appartement ni déménager ni s’installer dans une autre ville ni tomber amoureux ni se marier ni accoler leur patronyme à celui d’un autre ni adopter un chat trouvé ni même, finalement, avoir des enfants, puis consigner le tout sur Internet à grand renfort de détails. Oui, vraiment, ils franchissent ces étapes avec aisance. Leurs vies sont construites comme des immeubles, chaque brique, précieuse mais totalement convenue, venant s’ajouter peu à peu à l’édifice qui se dresse devant tes yeux.”

De la dureté des conventions sociales

L’Age de Raison de Jami Attenberg est finalement une critique des conventions sociales qui nous poussent à passer certaines étapes à un âge précis de notre vie – parce que c’est comme ça, ou parce que c’est ce que tout le monde fait. Si le sujet est assez bien amené et pousse forcément le lecteur à réfléchir à son propre mode de vie, l’héroïne semble quand même un peu trop barrée et irritable pour être prise au sérieux. Elle ne rentre pas dans le moule certes, mais parfois elle déraille complètement. Et cela n’a rien de divertissant. Ce roman qui est pourtant très court souffre donc de quelques longueurs, et le sujet pourtant sérieux semble finalement bien futile. J’aurais vraiment voulu apprécier Andrea pour son côté extravagant. Elle nage en permanence à contre-courant, mais cela n’a finalement rien d’un combat ou d’une réelle conviction : elle est juste un peu à côté de la plaque. Et cela laisse un certain malaise.

“Aurions-nous pu suivre un autre chemin ? Quand je songe à toutes les petites intersections que nous avons rencontrées sur notre route, je me demande si nous n’aurions pas mieux fait d’obliquer, à droite ou à gauche au lieu de foncer droit devant nous, vers le tas de boue dans lequel nous sommes maintenant englués.”

J’ai toutefois été ravie de retrouver la plume de Jami Attenberg avec ce nouveau roman. Certaines pages nous font vraiment rire, et elle a un talent certain pour créer des héroïnes peu conventionnelles ! Si je n’ai pas été totalement convaincue par ce nouveau roman paru en France, je ne manquerai pas de lire ses prochains livres avec plaisir.

L’Age de Raison de Jami Attenberg est donc un roman plus que contemporain sur une femme qui a une légère tendance à tout faire foirer dans sa vie et qui n’arrive pas à suivre les autres dans le sacro-saint modèle du mari-CDI-perfect baby. Un nouveau Bridget Jones à la new-yorkaise, en un peu plus trash et un peu moins drôle !

l'âge de raison de jami attenberg

L’Âge de Raison ; Jami Attenberg (titre original : All grown up)

Les Escales

8 février 2018

215 pages

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