Bienvenue au motel des pins perdus
La Lectrice

Bienvenue au motel des pins perdus – Katarina Bivald

Bienvenue au motel des pins perdus ! A travers ce troisième roman publié en France, Katarina Bivald invite ses lecteurs à poser ses valises en plein cœur de l’Oregon, au beau milieu d’un motel un peu crasseux. C’est la tenancière du motel qui décide de raconter son histoire… le jour où elle décède, dès la première page !

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On meurt tous un jour… pas forcément dès le premier chapitre ! C’est pourtant ce qui arrive à Henny. Mais elle se refuse à quitter notre monde sans avoir accompli une dernière tâche : retrouver, réconcilier, et rendre heureux ses anciens amis. Drôle, farfelue et émouvante, Henny est l’amie qu’on rêve tous d’avoir à ses côtés… vivante de préférence !

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Une mort subite

Elle quittait juste la chambre de son amant pour rejoindre le hall du motel où elle travaillait, avant de se faire faucher par un camion. Henny vient de mourir, c’est tellement soudain, elle ne parvient pas à réaliser que le corps avec un chemisier rouge sur la chaussée est bien le sien. Et surtout, pourquoi est-elle encore là à regarder la scène ?

Entre le monde des vivants et des morts, il ne lui reste plus qu’à errer dans les rues de la petite ville de Pine Creek, au beau milieu de l’état de l’Oregon qu’elle n’a jamais quitté. Henny est une héroïne peu contrariante, c’est même son caractère premier : elle ne veut jamais créer de conflits, elle a toujours été suiveuse, et finalement peu actrice de son destin. Même après sa mort, elle n’a que peu envie de se rebeller et assiste fatalement aux réactions de ses proches face à la triste nouvelle.

Une communauté locale haute en couleurs

Henny n’est finalement qu’un prétexte pour nous raconter les histoires des locataires plus ou moins permanents d’un motel peu reluisant, qui ne fait pas l’unanimité au cœur d’une ville très puritaine. Entre une lesbienne assumée remontée contre le monde (et particulièrement les mœurs homophobes de ses voisins), une transgenre timide, un père de famille accusé d’alcoolisme, et un ancien explorateur fasciné par les pierres et assez taiseux, Katarina Bivald nous propose une galerie de personnages hétéroclites et attachants confrontés au regard – souvent peu bienveillant – des autres.

“On naît nus, et plus on vieillit, plus on enfile d’habits, jusqu’à être vieux et quasi disparaître sous les châles, les pulls bien chauds et plusieurs couches d’écharpes et de chaussettes. Les illusions, c’est le contraire. A notre naissance, on en a des tas, puis la vie nous les ôte les unes les après les autres.”

Bienvenue au motel des pins perdus est un roman qu’on adore ou qu’on déteste. C’est une brique de quasiment six cents pages que j’ai personnellement traînée de bon cœur, sachant que l’auteure aime prendre son temps, quitte à ce que l’histoire manque parfois de pep’s. J’ai aimé me perdre dans les histoires de la petite ville de Pine Creek, et prendre le temps de découvrir chacun des personnages avec son sacré caractère.

Katarina Bivald signe une nouvelle fois un roman fleuve sur une communauté aux Etats-Unis avec des personnages attachants qui ont souvent du mal à se comprendre. A lire en mangeant une tourte aux pommes et en écoutant Bruce Springsteen !

Bienvenue au motel des pins perdus

Bienvenue au motel des pins perdus ; Katarina Bivald

Editions Denoël

Paru le 7 février 2019

576 pages

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