Vanda – Marion Brunet
Vanda de Marion Brunet est un roman qui m’a été conseillé par plusieurs blogueurs et amis à sa sortie, et si j’avais loupé son premier roman L’été circulaire publié aux éditions Albin Michel il y a deux ans, j’ai décidé de ne pas passer mon chemin cette fois-ci et de découvrir sa plume. Grand bien m’en a fait !
Portrait d’une mère louve…
C’est dans la moiteur des rues de Marseille que commence Vanda de Marion Brunet, un roman aussi solaire que sombre.
Vanda est une femme à poigne, qui ne se laisse pas dicter sa conduite. Elle a connu les galères, elle en connaît encore beaucoup, mais ne se laisse jamais vraiment abattre. Elle vit avec son fils Noé – qu’elle appelle plus souvent Bulot – dans un cabanon vétuste au bord de la plage. Ici, c’est leur royaume, son fils est son roi, et ils vivent une relation fusionnelle où personne ne peut s’immiscer.
Elle qui connaît si bien les bars du cours Julien y retrouve un soir celui qu’elle n’a pas revu depuis sept ans : Simon. Il n’a pas changé. Il ne sait pas encore que de leur relation déjà si lointaine est né Noé. Mais alors qu’elle lui avoue tout, au détour d’une bière et en remettant une énième fois sa pince crabe dans ses cheveux, elle sent peut-être que quelque chose lui échappe déjà. Et bientôt, son fils ne sera peut-être déjà plus tout à fait à elle.
… Au bord du déchirement
« La haine se mêle à la peur, Vanda se sent au bord de l’explosion, tout au bord. Qu’ils crèvent. Que leurs sourires cyniques s’élargissent au couteau. Qu’ils s’étouffent dans leur mépris, se carrent leurs millions dans le cul et qu’ils en crèvent. »
Vanda de Marion Brunet est le portrait d’une femme au bord du déchirement, dans une société qui peine à l’accepter. Elle est cette mère célibataire dont on critique la façon d’éduquer son fils, cette galérienne tatouée qui pour gagner sa vie nettoie les chambres de malades d’un hôpital psychiatrique avec un contrat précaire, celle qu’on voudrait virer parce qu’on devine rien qu’à la couleur de ses cheveux qu’elle pourrait avoir tendance à se rebeller.
Pourtant Vanda courbe l’échine, Vanda ne dit rien. Jusqu’au jour où elle risque d’exploser.
Marion Brunet raconte Marseille, ses couleurs, ses gouailleurs, les dockers, les déçus et les autres, tous ceux qui veulent exprimer leur colère, leur déclassement et leur résignation. Dans une langue abrupte, parfois très orale, elle restitue le quotidien de ceux qui ne mènent pas la grande vie, mais qui demandent juste à la vivre décemment et à leur façon.
Vanda est un portrait de femme original et sublime dans la détresse, tantôt lumineux ou étouffant, qui détonne et sort des sentiers battus. Un roman coup de cœur !
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Vanda ; Marion Brunet
Editions Albin Michel
Paru le 26 février 2020
236 pages
3 Comments
Moka
Une lecture qui m’a marquée. J’aime définitivement ce que propose Marion Brunet !
L’été circulaire m’attend désormais.
Fanny
Il est sur ma liste d’achat post-confinement
Laroussebouquine
Un très bon choix… Je ne fais que le recommander ; il m’a fait passer par beaucoup d’émotions, et je crois que quand un livre parvient à faire ça et que tu y repenses encore plusieurs jours après… c’est qu’il est réussi !