Une fille sans histoire – Constance Rivière
C’était une fille sans histoire. Cette phrase pourrait introduire n’importe quel bon article de faits divers, ou émission du soir relatant des crimes sordides. Une fille sans histoire de Constance Rivière tient un peu de ce registre, puisqu’il s’agit d’un premier roman sur une femme qui se fait passer pour une fausse victime des attentats de Bataclan. Mais comment peut-on en arriver là ?
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13 novembre 2015. Comme tous les soirs, Adèle est assise seule chez elle, inventant les vies qui se déroulent derrière les fenêtres fermées, de l’autre côté de la cour. Quand soudain, en cette nuit de presqu’hiver, elle entend des cris et des sirènes qui montent de la rue, envahissant son salon, cognant contre ses murs. La peur la saisit, elle ne sait plus où elle est, peu à peu elle dérive. Au petit matin apparaît à la télévision l’image de Matteo, un étudiant porté disparu, un visage qu’elle aimait observer dans le bar où elle travaillait. Sans y avoir réfléchi, elle décide de partir à sa recherche, elle devient sa petite amie. Dans le chaos des survivants, Adèle invente une histoire qu’elle enrichira au fil des jours, jouant le personnage qu’on attend d’elle. Les autres la regardent, frappés par son étrangeté, mais ils ne peuvent pas imaginer qu’on veuille usurper la pire des douleurs.
Une histoire contemporaine où l’on est happés par l’émotion et le trouble. Un roman nécessaire.
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Un premier roman convaincant…
Comme chaque année je suis très curieuse de découvrir les premiers romans de la rentrée littéraire, et l’un des premiers que j’ai lus cet été en avant-première a été Une fille sans histoire de Constance Rivière, publié aux éditions Stock. Ce roman certes court ne m’a pas lâché pendant mes voyages en métro, et m’a mis dans un tel état de tension que j’aurais pu en louper mon arrêt à plusieurs reprises.
… Sur une imposture de taille suite aux attentats du Bataclan
Qu’est-ce qui a poussé Adèle à mentir ?
Adèle est une jeune Parisienne solitaire et un peu taciturne. Le soir des attentats du Bataclan, le 13 novembre 2015, comme souvent, elle regarde les passants par la fenêtre quand elle entend les cris et coups de feu qui viennent de la rue. Parmi les victimes présumées, elle reconnaît la photo d’un jeune homme qu’elle avait l’habitude de voir dans le bar dans lequel elle était serveuse, il n’y a pas si longtemps encore. Mais comment en arrive t-elle à proclamer qu’elle était sa petite amie, et à se présenter ensuite comme l’une des proches des victimes des attentats ?
Tandis qu’elle s’enfonce dans son mensonge, Adèle gagne en confiance et en crédibilité. Mais jusqu’à quand peut-elle continuer à jouer ce rôle avant que le piège ne se referme sur elle ?
Constance Rivière signe avec Une fille sans histoire un premier roman qui fait froid dans le dos, creusant à merveille la psychologie de ses personnages pour tenter d’expliquer l’inexplicable. Suite aux attentats, plus d’une quinzaine de personnes se sont reconnues comme victimes, alors qu’elles n’étaient en réalité absolument pas concernées. A travers ce roman, on peut tenter de cerner les motivations souvent morbides de ceux qui s’y sont frottés, ainsi que les réactions des psychologues déployés suite aux attentats qui ont été trompés et qui n’avaient pourtant rien vu venir.
Plus qu’un roman, Une fille sans histoire de Constance Rivière met le doigt sur une problématique d’actualité et parvient ainsi à évoquer les attentats (sujet de prédilection dans la littérature ces dernières années) sous un jour nouveau. Une sacrée découverte !
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Une fille sans histoire ; Constance Rivière
Editions Stock
21 août 2019
182 pages
2 Comments
Sorbet-Kiwi
Wow, tu me donnes très envie de le découvrir ! Je vais l’ajouter a ma wish list dans la minute, il a l’air hyper poignant !
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