La Lectrice

Mon père, ma mère et Sheila – Eric Romand

Eric Romand est l’un des primo-romanciers de cette rentrée littéraire et publie chez Stock un roman intimiste : Mon père, ma mère et Sheila. Un roman familial très court qui laisse une drôle d’impression.

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C’est l’album d’une famille, issue d’un milieu populaire, avec ses codes, ses tabous, ses complexes, son ignorance, ses contentieux, dans les années 70 et 80. Le narrateur y raconte son enfance solitaire au milieu des turbulences. Pour son entourage, il a des goûts bizarres, des attitudes gênantes, des manières qui provoquent la colère de son père et la désolation de sa mère. Il dessine des robes et coiffe les poupées de sa sœur. Il fait son possible pour ne pas ajouter au malaise. Pour s’échapper, il colle son oreille à son mange-disque. Regarde les émissions de variétés scintillantes… Et admire une célèbre chanteuse dont il aime les robes à paillettes, les refrains joyeux. Il voudrait être elle. Il voudrait être ailleurs. Un premier roman tout en sensibilité sur fond de nostalgie douce amère et d’humour salutaire.

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Mon père, ma mère et Sheila sonne d’office comme un récit familial au beau milieu des années 70. Le roman est découpé en paragraphes courts évoquant diverses anecdotes de la vie du narrateur de son enfance à l’âge adulte sans forcément de rapport immédiat entre elles, donnant au lecteur l’impression d’être plongé au cœur d’un album photo en sépia. Petit à petit, les différentes scènes semblent s’assembler pour former un tableau complet.

“La bouteille de Pastis, apéritif préféré de mes parents et leurs amis, était omniprésente dans le bar de notre nouveau bahut living. Ma mère prenait toujours une momie : une demi-dose dans un petit verre, format qu’elle jugeait plus féminin. La bouteille était coiffée d’un doseur que mon père nommait la couille, ce qui faisait rigoler les hommes. Les femmes retenaient leurs rires en simulant devant les enfants une pudeur offusquée. Les autres gosses ricanaient, moi, j’étais gêné. “

Le narrateur fait le portrait d’une famille populaire où les parents se disputent et se cachent derrière leurs préjugés, quitte à souvent provoquer le conflit devant les enfants. Il raconte les années où il a essayé de se construire, entre espoirs et désillusions.

“Cet album de famille est le mien. Une famille issue de la classe populaire, avec ses codes, ses tabous, ses complexes, son ignorance, ses contentieux.”

Véritable roman initiatique, Mon père, ma mère et Sheila est l’histoire d’un petit garçon qui a tenté de devenir un homme sans trop d’encombres, et qui brosse un portrait tendre d’une famille qui ne l’a pas toujours été avec lui.

Eric Romand signe un roman intimiste qui fait sourire, mais malheureusement trop peu consistant pour moi pour être vraiment mémorable. Mon père, ma mère et Sheila est un bon premier roman de cette rentrée littéraire, mais il ne me laissera certainement pas un souvenir impérissable.

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Mon père, ma mère et Sheila ; Eric Romand

Stock

23 août 2017

109 pages

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