La Maison des Turner – Angela Flournoy
La Maison des Turner d’Angela Flournoy est le roman américain par excellence de la rentrée littéraire que je souhaitais découvrir chez Les Escales ; un roman au cœur de Detroit pendant la crise financière qui tient toutes ses promesses.
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Cela fait plus de cinquante ans que la famille Turner habite Yarrow Street, rue paisible d’un quartier pauvre de Detroit. La maison a vu la naissance des treize enfants et d’une foule de petits-enfants, mais aussi la déchéance de la ville et la mort du père.
Quand Viola, la matriarche, tombe malade, les enfants Turner reviennent pour décider du sort de la maison qui n’a désormais plus aucune valeur, la crise des subprimes étant passée par là.
Garder la maison pour ne pas oublier le passé ou la vendre et aller de l’avant ? Face à ce choix, tous les Turner, de Cha-Cha, le grand frère et désormais chef de famille, à Lelah, la petite dernière, se réunissent. Et s’il fallait chercher dans les secrets et la mythologie familiale pour trouver la clef de l’avenir des Turner et de leur maison ?
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La Maison des Turner a tout du grand roman américain : des personnages à la psychologie complexe, parfois névrosés, mais auxquels on s’attache imparablement, une intrigue sur plusieurs années teintée de mélancolie et de nostalgie, et un lieu forcément omniprésent au cœur de l’action, presque aussi important que les personnages eux-mêmes.
Famille nombreuse, famille heureuse
Angela Flournoy fait le portrait d’une famille façon Treize à la douzaine, et l’arbre généalogique qui ouvre le roman a déjà de quoi faire peur. Heureusement, le lecteur s’y retrouve très bien, puisque l’auteur a choisi de s’intéresser surtout à quelques enfants Turner en particulier. Ils ont entre quarante et soixante ans, et en 2008, la crise financière ravage l’Amérique et Detroit en premier lieu. Beaucoup de familles ne sont plus en mesure de rembourser leur prêt immobilier après avoir perdu leur emploi, et pour sauver les meubles, les banques leur proposent de racheter leur maison à découvert, souvent pour quelques milliers de dollars à peine. Un dilemme naît alors : que faire de la maison des Turner ?
“Les maisons sont plus hantées par des humains que par des fantômes. Les hommes et les femmes accordent de la valeur à la brique et au mortier, associent leur identité aux remboursements effectués à temps. Par les nuits d’hiver glacial, les jeunes mamans traînent leurs bébés agités de pièce en pièce, apprenant à l’occasion par où passent les courants d’air et où craquent les lattes du parquet. Dans la chaude moiteur de l’été, les papas s’asseyent dans la véranda, parfois inquiets, souvent fatigués, mais réconfortés de sentir l’abri d’un toit au-dessus de leur tête. Les enfants maculent les murs de traces de mains sales, trouvent des recoins pour cacher leurs étonnants trésors ou pour se cacher eux-mêmes en cas de besoin. Nous vivons et mourrons dans des maisons, nous rêvons de revenir dans des maisons, et prenons grand soin de réfléchir à qui en héritera à notre mort.”
Ce roman polyphonique fait le portrait d’une génération (voire deux ou trois) de noirs américains à Detroit, de leurs rêves, de leurs travers et de leurs désillusions. Les Turner ont du caractère, un peu trop parfois, et s’entendre à treize peut vite relever du casse-tête, surtout quand certaines individualités émergent du lot.
Detroit, post-2008
L’auteur évoque avec beaucoup de justesse la crise financière, les doutes des personnages mais aussi leurs galères au quotidien du fait de leur couleur de peau. En effet, les Turner sont noirs, ils vivent dans l’East Side de Detroit, et savent qu’en cas d’urgence les pompiers ne se déplaceront pas. Ou du moins si, mais avec quelques heures de retard. Pour ceux à qui on dit de ne pas se plaindre car ils étaient encore esclaves deux générations plus tôt, il n’y a donc une amélioration que relative, et on les laisse finalement couler sans aucune considération.
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Angela Flournoy signe un premier roman particulièrement réussi, un roman fleuve que l’on dévore sans pouvoir le lâcher, trop teinté d’histoire récente pour être facilement oublié. La Maison des Turner est un roman américain poignant fidèle à mes attentes et même plus encore, une saga familiale qui prend aux tripes, un coup de cœur retentissant chez Les Escales pour cette rentrée littéraire !
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La Maison des Turner ; Angela Flournoy
Les Escales
31 août 2017
436 pages
14 Comments
Le Chat du Cheshire
Il faudrait que je le tente à l’occasion, mais ce ne sera pas une priorité 🙂
Laroussebouquine
J’espère quand même que tu auras l’occasion de le lire. Je me suis très vite attachée à cette grande famille à qui il arrive bien des malheurs !
Electra
Marie-Claude doit publier son billet, elle dit dans son bilan “lecture mitigée” donc j’ai hâte de comparer vos avis 😉 la crise des subprimes a mis à la porte des millions d’américains, des quartiers entiers ont été vidés de leurs habitants et Détroit en fut longtemps le symbole malheureux.
Laroussebouquine
Je sais, c’est pour ça que j’avais autant hâte de le lire pour en savoir plus !
Il faudra que je lise son billet aussi alors. Je comprends qu’on puisse ne pas aimer, les personnages sont névrosés et ne sont pas attachants en soi, je m’y suis attachée à cause de leur destin, mais l’histoire reste particulière !
anouklibrary
J’ai tellement envie de le lire ! Je m’y plonge avant la fin septembre (enfin j’espère ^^).
Laroussebouquine
J’espère aussi !
Sorbet-Kiwi
Oh tu me donnes encore plus envie de le lire maintenant ^^ J’avais si bien resisté ^^ Il a l’air vraiment chouette comme tout 🙂
Laroussebouquine
Pour une fois c’est moi la vilaine tentatrice !
La tête dans les livres
J’aime beaucoup les sagas familiales! Je ne connaissais pas ce livre, mais ça a l’air vraiment sympa vu ce que tu en dis!
Sentissi
Merci pour cette chronique. J’hésitais à l’acheter mais là vous m’avez convaincue.
Angelique
Découvert grâce à ton billet et j ai adoré. On s atrache vite à cette grande famille et on les quitte à regret la dernière page terminée.
Laroussebouquine
Super, je suis toujours contente quand des gens découvrent des pépites grâce au blog ! 🙂
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