Les Brumes de Key West – Vanessa Lafaye
Les Brumes de Key West de Vanessa Lafaye donne envie en ce printemps rien qu’avec sa couverture qui évoque les vacances. Et pourtant, la plage de rêve et l’ambiance tropicale sont pourtant bien trompeuses : ce roman n’a rien de léger ! Bienvenue en Floride où les moeurs légères sont en conflit permanent avec le Klu Klux Klan.
**
1993. En plein jour, dans une rue bondée de Floride, une femme de quatre-vingt-seize ans abat froidement un membre du Ku Klux Klan.
1919. Bannie par les siens, Alicia Cortez, vingt-deux ans, quitte La Havane pour rejoindre l’Amérique et sa cousine Beatriz, tenancière du Pearl’s, l’une des maisons closes les plus fréquentées de Key West.
Avec son charme exotique, la belle Cubaine trouve rapidement sa place dans cet univers sensuel et secret. Aidée de John, vétéran tourmenté et propriétaire d’un bar voisin, Alicia va jusqu’à organiser la contrebande d’alcool, pour contrer les lois de la prohibition. Et leur amitié laisse bientôt place à une profonde attirance.
Mais la menace du Klan gronde dans l’archipel… Et le rapprochement entre une métisse à la réputation sulfureuse et un héros de guerre blanc ne passe pas inaperçu. Et ne saurait être toléré.
Dans les brumes de Key West, un drame se prépare…
**
Les Brumes de Key West de Vanessa Lafaye est un portrait incroyable de l’Amérique chaude et poisseuse où se trament des affaires peu reluisantes. Le roman s’ouvre sur une scène de crime. Une vieille dame sort de chez elle avant d’abattre un homme de sang froid. Elle est métisse, il était membre du Klu Klux Klan. Pourquoi a t-elle décidé de le tuer ? Une fois au commissariat, elle reconnaît son crime, mais refuse de donner plus de détails et attend calmement sa peine.
Pour comprendre la raison de ce meurtre de sang-froid, le lecteur revient alors en 1919, alors qu’une jeune femme arrive à Key West depuis la Havane. La Floride n’a alors rien de l’eldorado que l’on se figure aujourd’hui : c’est le lieu de tous les travers. La chaleur du Sud n’adoucit pas les mœurs, et Key West a tout du port sale où sont alignés bars et maisons closes. C’est dans ce décor peu engageant qu’Alicia, une jeune femme qui semble bien innocente au premier abord vient travailler. Elle rejoint sa tante au Pearl’s, qui n’est pas un salon de thé comme les autres. Car s’il y a bien du thé sur la carte, ce n’est pas franchement cela que l’on y sert.
Dans les quartiers blancs, on rêve d’autre chose : de la prohibition d’abord, pour atténuer ce climat de débauche, et d’un peu de nettoyage. D’un bon coup de karcher comme dirait l’autre. D’une épuration en bonne et due forme, en commençant par ceux qui ne se plient par à leurs nouvelles règles. Sous de grandes capes blanches se cachent alors des esprits bien-pensants qui, sous couvert de vouloir faire le bien, vont finalement engendrer une extrême violence et beaucoup de cruauté dans une ville où chacun vaquait à ses occupations.
“Dans le coin, des tas de familles blanches ont du sang noir dans les veines, depuis l’esclavage et les hommes blancs qui ont enjambé la barrière. Pas grave, sauf que, de temps en temps, bébé a pas la bonne couleur, et alors tout le monde joue la surprise. Mais la ville entière est construite sur un marécage de secrets.”
Les brumes de Key West de Vanessa Lafaye est un roman explosif sur l’Amérique du Klu Klux Klan. Avec des personnages forts au destin tragique, l’auteur parvient à reconstruire un siècle de ressentiment et de racisme. Un roman chaud et poignant qui vous serrera le cœur bien comme il faut sur la plage (ou pas) !
Lisez-le vite pour le Book Club du Cercle des Lecteurs Belfond début juillet ! (juste ici)
–
Les Brumes de Key West ; Vanessa Lafaye
Editions Belfond (Collection Le Cercle)
19 avril 2018
406 pages
5 Comments
MadameOurse
Je suis en train de le lire (pour le book club justement mais c’est début juin non ?) et j’aime beaucoup pour le moment. Hâte de m’y replonger ce soir. Le personnage d’Alicia a l’air prometteur.
Laroussebouquine
Yes, le 10 juin il me semble !
J’espère que tu aimeras en tout cas, je trouve que les personnages ont une vraie force de caractère. Ils n’ont rien de mièvre !
Electra
encore un roman dont la couverture fait penser à une histoire d’amour … et qui n’en est pas un !
Laroussebouquine
Il y a un poil de romance, mais vraiment un poil. Un micro-cheveu 😀
Question de ciblage… C’est toujours difficile !
Pingback: