Danser au bord de l'abîme
La Lectrice

Danser au bord de l’abîme – Grégoire Delacourt

Emma, quarante ans, mariée, trois enfants, heureuse, croise le regard d’un homme dans une brasserie. Aussitôt, elle sait.

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Trompera ou trompera pas ?

Danser au bord de l’abîme, c’est l’histoire d’un adultère qui aura ou n’aura pas lieu. D’un mariage qui semble un peu fané, d’une femme en désir de liberté. D’une famille qui part à vau-lau, de déceptions et d’espoirs malsains. C’est un roman qui part d’une histoire un peu romanesque, mais finalement pas tant que ça, dans laquelle on pourrait un peu se retrouver, et qui vire au drame familial.

“La vie est la courte distance entre deux vides. On gesticule pour la remplir. On traîne pour l’étirer. On voudrait qu’elle s’éternise. On s’invente même parfois des doubles vies. On respire et on ment. On regarde sans voir. On veut profiter de tout et tout glisse entre les doigts. On aime et c’est déjà fini. On croit au futur et le passé est déjà là. On est si vite oublié. On ne veut pas perdre, et lorsque vient la fin, on refuse de baisser les paupières. On refuse la poignée de terre sur notre peau glacée. Il faut pourtant savoir lâcher prise.”

Une réécriture contemporaine du conte d’Alphonse Daudet

Grégoire Delacourt s’inspire très explicitement de La Chèvre de Monsieur Seguin pour ce conte moderne. Un conte qui m’a autant plu qu’il m’a laissée perplexe. L’auteur nous offre envolées lyriques et phrases sentencieuses en nombre, avant que le tout ne retombe comme un soufflé. Si j’ai dévoré certains passages avec avidité, d’autres ne m’ont absolument pas émue et pire, ils m’ont vraiment ennuyée.

J’ai eu du mal à saisir toutes les réactions des personnages, et le roman manquait selon moi de rythme, avec des longueurs bien trop conséquentes. L’histoire semble tirée en longueur sans que l’on comprenne vraiment pourquoi.

Pour autant, l’écriture de l’auteur est fluide, on retient avec plaisir certaines citations qui font sourire, ou nous frappent.

“Vient cette période cotonneuse d’avant les séismes, ce temps suspendu où plus rien n’a de valeur – on souhaite vivre cependant, on souhaite partir déjà; on prépare la litanie des adieux et on demande une heure, une nuit encore, tenir jusqu’à l’aube.”

Le roman de Grégoire Delacourt a quelque chose de l’ordre de la douce mélancolie, une petite réussite dont on savoure le début même s’il nous laisse un peu perplexe, mais dont la force s’estompe bien vite. Un beau roman, mais bien trop inégal pour être vraiment mémorable.

danser au bord de l'abîme –

Danser au bord de l’abîme ; Grégoire Delacourt

JC Lattès

Paru le 2 janvier 2017

360 pages

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