Au Nom de Quoi – Dorian Meune
Abigaëlle, Philippe, Sofiane, Bastien, Léopold. Margot, Daphné, Théo, Lucas, et Romane. Le 13 novembre 2015, tous verront leur vie basculer au Bataclan. Les personnages de cette histoire sont fictifs. Imaginés, inventés. Tels peut-être qu’ils ont habité vos pensées, car ils sont nous tous. Ce texte est un roman, mais c’est avant tout un hommage à toutes les victimes de ce jour-là. Celles qui n’ont pas survécu, celles qui luttent aujourd’hui pour continuer simplement à vivre. “Au nom de quoi” n’est pas un témoignage. Ou plutôt si, c’est celui de la plus intolérable des réalités.
La moitié des bénéfices tirés de ce roman sera reversée à une association œuvrant en faveur des victimes du terrorisme.
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Quand Dorian Meune m’a contactée il y a quelques semaines pour me proposer son livre, j’étais un peu comme ça :
Parce qu’il faut dire ce qui est, quand un auteur me contacte et me propose son livre, je me sens toujours très flattée et contente. Il m’a proposé de lire la préface de son livre, que j’ai adorée. Aussi, j’ai tout de suite accepté de recevoir son livre. Je l’ai lu aujourd’hui et je dois dire qu’il ne m’a vraiment pas laissée indifférente. En même temps, comment rester indifférente face au sujet, à savoir la fusillade terroriste du 13 novembre 2015 au Bataclan ? Comme énormément de monde lorsque c’est arrivé, je suis restée des heures devant la télévision, ahurie et effarée devant des images d’une telle violence. Il est extrêmement difficile de mettre des mots sur ces actes. Or c’est ce que Dorian Meune a décidé de faire. Il a décidé de faire le portrait de personnes qui auraient pu exister réellement, et qui auraient pu assister à ce fameux concert. Dans sa galerie de personnages, personne ne sera vraiment épargné. On les suit tous, avant, pendant, et après. Ces trois étapes forment la structure même du livre, qui nous tient en haleine.
Ce roman m’a coupé le souffle, littéralement. Il m’a donné des frissons, et presque arraché quelques larmes. Je l’ai lu quasiment d’une traite. Il m’était impossible de m’arrêter, tant la tension était palpable, tant il y avait de violence, tant j’étais bouleversée. Je me sens presque encore plus touchée par cette fusillade aujourd’hui. Car ce livre souligne que derrière les morts, les dizaines de blessés physiques et psychologiques, il y avait des vies, des quotidiens changés à jamais, des familles qui attendent. Pour qui plus rien ne sera jamais pareil. Si le tout s’achève sur une légère note d’espoir, le sujet fait que le livre est très dur. Certaines scènes sont presque insoutenables par leur violence.
“A côté de nous, un groupe se relève et part en courant, enjambant les corps inertes, vivants ou non. Je me dis que c’est le moment de se casser d’ici, que bientôt on sera dans un café à boire une bière et à songer qu’on a vécu un sacré truc. On se tapera dans le dos, on s’esclaffera un peu trop fort pour évacuer la pression, on se demandera si on n’a pas fait un mauvais rêve tellement tout semblera absurde.”
Dorian Meune m’a donc vraiment impressionnée. Car j’ai oublié le livre, j’ai oublié l’auteur. J’ai oublié qu’il ne s’agissait que d’un roman au fond, qu’il ne s’agissait que de personnages fictifs (même si bien évidemment beaucoup d’autres bien plus réels sont morts). J’ai été totalement prise par son récit, prise de court aussi, car je ne m’attendais pas à ressentir autant de choses en si peu de pages.
J’ai aussi énormément apprécié la partie qu’il nomme comme “l’après”. Celle où au-delà du deuil, ceux qui sont restés vivants doivent réapprendre à vivre, quitte à ce que plus rien ne soit jamais pareil. Ses mots sonnaient juste, à tel point que l’on pensait que l’auteur l’avait lui même vécu.
Une très belle découverte qui gagnerait à être plus connue, donc. Avec une préface très bien écrite, et qui jette un autre regard sur ces événements tragiques. Je ne peux que vous conseiller de laisser une chance à ce livre, d’autant que la moitié des bénéfices sera reversée à une association caritative.
Un grand merci à Dorian Meune pour cette lecture – et pour sa gentillesse.
“Une génération pour qui la guerre n’existe que dans les livres d’histoire, ou loin, si loin qu’elle semble irréelle, impalpable. Une génération qui sort voir un concert de rock et qui apprécie le simple fait de se retrouver, de communier, presque, au milieu d’inconnus qui vibrent au rythme de la même musique. Une génération qui aime prendre un verre en terrasse et profiter des derniers jours de douceur automnale.
Une génération à qui l’on a appris que tant de choses étaient dangereuses, risquées. Qu’il fallait avoir peur du sida, de la crise économique, du réchauffement climatique, de la malbouffe, de la clope, du cancer, du chômage, des ondes wifi, et j’en passe.
Une génération que les parents laissaient sortir et s’amuser dehors et qui ne fera sans doute jamais de même avec ses enfants. Trop dangereux, trop risqué.
Une génération sans illusions, mais tellement pleine de rêves.
Une génération qui peut désormais ajouter « terrorisme » à la liste des choses à craindre, à la liste des choses contre lesquelles se battre et résister.
Parce que c’est ce que nous sommes, c’est ce qu’ils étaient : une génération de battants. Une génération censée avoir peur de tout, mais qui se doit de n’avoir peur de rien.”
Au Nom de Quoi ; Dorian Meune
Autoédité
8 mai 2016
173 pages
4 Comments
Carnet Parisien
Cet auteur m’avait proposé son roman mais je l’ai refusé. Il m’a également été recommandé par Carène (lectrice Charleston), et de nouveau, j’ai dit non. Je sais désormais que je loupe sûrement quelque chose 😉 Mais pour moi, c’est encore trop tôt.
Laroussebouquine
Je peux comprendre, le sujet est plus que sensible. J’ai presque envie de dire “heureusement que je l’ai lu au boulot et dans les transports” parce qu’au moins il m’a évité de pleurer devant tout le monde !
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