reasons to stay alive
La Lectrice

Reasons to stay alive – Matt Haig

“This is the true story of how Matt Haig came through crisis, triumphed over a mental illness that almost destroyed him and learned to live again. Moving, funny and joyous, Reasons to stay alive is more than a memoir. It is a book about making the most of your time on earth.”

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Il y a ces livres qu’on lit parfois parce qu’on ressent le besoin de les lire. Quand j’ai découvert Reasons to stay alive l’an dernier en librairie, je me suis dit qu’il fallait que je le lise à un moment donné. Je ne savais juste pas quand. Ces derniers jours, je me suis enfin décidée à l’acheter et surtout à le lire. Et malgré des revues toutes excellentes, je savais que cette lecture allait être éprouvante.

Un témoignage nécessaire sur la dépression

Ce livre est un témoignage. Celui d’un homme qui a fait une dépression pendant plusieurs années et qui a cru ne jamais s’en sortir. Avant de revivre. Il a écrit ce livre pour prouver que la dépression n’est pas une maladie incurable (même si c’est une vraie maladie quoi qu’on en pense), et qu’il y a de nombreuses raisons de rester en vie.

Sans vouloir rentrer dans trop de détails, la dépression est un sujet qui me touche énormément, car je l’ai vécue. Il y a deux ans, j’ai sombré dans un trou noir dont je ne voyais plus l’issue. Et je me suis bien amusée à creuser encore plus. Aujourd’hui, deux ans plus tard, je suis officiellement guérie. Je suis une jeune femme épanouie, et qui surtout prend goût aux petites choses de la vie, ce qui était impensable il y a encore quelques mois. A l’heure où j’écris cet article, je suis au chaud sous un plaid dans mon canapé et je regarde les écureuils par la fenêtre qui se courent après dans les arbres, et cela me procure un plaisir dingue. La seule chose qui m’importe vraiment aujourd’hui, c’est de ne pas oublier. De ne pas oublier la souffrance, mais surtout de ne pas oublier que je n’étais pas complètement cinglée. J’étais malade. Je n’étais plus moi-même. J’ai guéri.

La dépression n’est pas une petite comédie que l’on fait quand on n’a pas de frites à la cantine ou quand on a juste une mauvaise journée. C’est un mal insidieux qui vient vous prendre un jour et qui ne vous quitte plus, qui pulvérise tout ce qui fait de vous une personne heureuse et une personne capable de vivre avec les autres. C’est comme un virus qui vous pousse à rester au lit toute la journée et à fixer les murs sans parler à personne. C’est une accumulation de crises d’angoisse et d’autres symptômes même physiques qui sont plus que réels.

La dépression n’est pas une phase de tristesse passagère. C’est un état monstrueux qui s’empare de vous pour des mois, et contre lequel il faut se battre.

Aussi je savais que cette lecture serait importante pour moi. Elle l’a été. Pile deux ans après le réel début ma dépression, je suis ravie que quelqu’un, dans un livre, puisse mettre des mots sur ce que des centaines de personnes ne parviennent pas à comprendre. Matt Haig, dans ce livre, décide de se montrer ultra personnel. Il raconte le début de sa maladie, ses crises d’angoisse, son incompréhension, tous ces moments où il devenait hystérique, où il n’était juste plus lui-même. Où il en a trop demandé à sa compagne qui a toujours été là pour lui, où il n’avait plus d’espoir et voulait en finir. Mais il montre aussi qu’il s’agissait d’une passade. De plusieurs années, certes. Mais de sa dépression, il en est juste ressorti vivant. Pas forcément plus fort, juste vivant. Mais après tout c’est sans doute encore l’essentiel.

“One of the key symptoms of depression is to see no hope. No future. Far from the tunnel having light at the end of it, it seems like it is blocked at both ends, and you are inside it. So if I could have only known the future, that there would be one far brighter than anything I’d experienced, then one end of that tunnel would have been blown to pieces, and I could have faced the light. So the fact that this book exists is proof that depression lies. Depression makes you think things that are wrong.
But depression itself isn’t a lie. It is the most real thing I’ve ever experienced. Of course, it is invisible.”

Apprendre à avoir un autre regard sur la dépression

Il raconte l’angoisse, l’anxiété, les symptômes physiques, les faux espoirs, les médicaments qui n’ont rien changé, le soutien de ses proches. Mais aussi le retour à la normale. Il parle de la vision de la dépression dans la société, ce qui m’a sans doute semblé le plus intéressant : le fait que personne ne comprenne qu’il s’agisse d’une vraie maladie, et non d’un petit coup au moral. Ou pire : le fait que certains aient pu penser qu’il était juste pénible à être tout le temps triste et pessimiste.

“THINGS PEOPLE SAY TO DEPRESSIVES THAT THEY DON’T SAY IN OTHER LIFE-THREATENING SITUATIONS :

‘Come on, I know you’ve got tuberculosis, but it could be worse. At least no one’s died.’

‘Ah, meningitis. Come on, mind over matter.’ “

J’ai évidemment été très touchée par ce témoignage. Même si j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs concernant sa vie personnelle, je pense que rien n’est à jeter. C’est un récit important, qui mérite largement son statut actuel de “non-fiction best-seller”. C’est pour moi une lecture indispensable, pour les gens qui ont connu ou connaissent la dépression, car c’est un vrai message d’espoir, mais aussi pour tous les autres. Car clairement, pour avoir connu le regard des autres vis-à-vis de la maladie, il y a vraiment des efforts à faire.

Un récit qui donne envie de se battre

Plus que ça, c’est un récit qui rappelle que la vie ce n’est pas vivre dans l’anxiété, certes, mais que chaque petite victoire est bonne à prendre quand on est au plus bas, et que surtout, cela vaut la peine d’espérer. Car il y a certains petits plaisirs qui valent la peine d’être vécus.

Pour terminer cet article – finalement bien plus personnel que prévu – j’ai choisi de vous partager les pages sans doute les plus fortes de ce livre, qui rappellent à tout un chacun que la vie est fabuleuse. Même si c’est niais de le dire et profondément stupide, parfois elle l’est. Il ne faut juste pas trop l’oublier.

Ce livre est un coup de coeur, à sa façon. C’est un livre que je garderai un moment dans ma bibliothèque, et que je pense relire dans quelques années.

Enfin, petit détail pratique mais qui a quand même son importance : pour ceux qui ne lisent pas en anglais, il est aussi disponible en français chez Philippe Rey depuis cette année !

“THINGS I HAVE ENJOYED SINCE THE TIME I THOUGHT I WOULD NEVER ENJOY ANYTHING AGAIN :

Sunrises, sunsets, the thousand suns and worlds that aren’t ours but shine in the night sky. Books. Cold beer. Fresh air. Dogs. Horses. Yellowing paperbacks. Skin against skin at one in the morning. Long, deep, meaningful kisses. Short, shallow, polite kisses (All kisses). Cold swimming pools. Oceans. Seas. Rivers. Lakes. Fjords. Ponds. Puddles. Roaring fires. Pub meals. Sitting outside and eating olives. The lights fading in the cinema, with a bucket of warm popcorn in your lap. Music. Love. Unabashed emotion. Rock pools. Swimming pools. Peanut butter sandwiches. The scent of pine on a warm evening in Italy. Drinking water after a long run. Getting the all-clear after a health scare. Getting the phone call. Will Ferrell in Elf. Talking to the person who knows me best. Pigeon pose. Picnics. Boat rides. Watching my son being born. Catching my daughter in the water during her first three seconds. Reading The tiger who came to tea, and doing the tiger’s voice. Talking politics with my parents. Roman Holiday (and a Roman Holiday). Talking heads. Talking online about depression for the first time, and getting a good response. Kanye West’s first album (I know, I know). Country music (coutry music !). The Beach Boys. Watching old soul singers on YouTube. Lists. Sitting on a bench in the park on a sunny day. Meeting writers I love. Foreign roads. Rum cocktails. Jumping up and down (they’re publishing my book, they’re publishing my book, Jesus Christ they’re publishing my book). Watching every Hitchcock movie. Cities twinkling at night as you drive past them, as if they are fallen constellations of stars. Laughing. Yes. Laughing so hard it hurts. Laughing as you bend forward and as your abdomen actually starts to hurt from so much pleasure, so much release, and then as you sit back and audibly groan and inhale deeply, staring at the person next to you, mopping up the joy. Reading a new Geoff Dyer book. Reading an old Graham Greene book. Running down hills. Christmas trees. Painting the walls of a new house. White wine. Dancing at three in the morning. Vanilla fudge. Wasabi peas. My children’s terrible jokes. Watching geese and goslings on the river. Reaching an age – thirty-five, thirty-six, thirty-seven, thirty-eight, thirty-nine – I never thought I’d reach. Talking to friends. Talking to strangers. Talking to you. Writing this book.”

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Reasons to stay alive ; Matt Haig

Canongate

2015

253 pages

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