Miss Cyclone
La Lectrice

Miss Cyclone – Laurence Peyrin

Coney Island, là où New York se jette dans la mer, est un endroit enchanteur l’été, avec sa fête foraine légendaire, et fantomatique l’hiver quand les manèges sont à l’arrêt. C’est là qu’Angela et June, 16 ans, ont grandi ensemble. Deux jeunes filles vives et joyeuses, que rien ne destinait à s’entendre, et que rien ne peut séparer.

Mais une nuit, la nuit où toute la jeunesse new-yorkaise pleure la mort de John Lennon, leur vie prend un tour inattendu : Angela, par un mélange de fatalisme et d’innocence, accepte de son petit ami ce qu’elle ne voulait pas vraiment. Parce qu’elle n’ose pas en parler à June, son silence devient un secret… Et leur destin à toutes les deux sera changé à jamais.

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Mes retrouvailles avec Laurence Peyrin

L’été dernier je découvrais La Drôle de Vie de Zelda Zonk puis Hanna, les premiers romans de Laurence Peyrin qui mettaient en scène une femme Irlandaise face à une vieille dame qui a tout de Marilyn Monroe âgée (à condition qu’elle ne soit pas morte) et son fils…plutôt charmant. Si le pitch ne m’inspirait pas plus que ça au début, j’avais été très surprise par ces romans très prenants avec des personnages bruts de pomme et des situations certes romanesques, mais pas jusqu’à tomber dans le cliché.

Laurence Peyrin revient cette année avec son nouveau roman, Miss Cyclone aux éditions Calmann-Lévy et je dois dire qu’il est encore plus réussi que les autres.

L’histoire d’une folle amitié à Coney Island

Dès les premières pages, l’auteur nous embarque à Coney Island, entre les odeurs de fritures de fish and chips et les cris émanant des manèges alentours. L’immersion est totale et les personnages semblent faire partie des murs (ou presque). Angela vit dans le Mayflower, un immeuble de HLM peu reluisant du quartier avec sa mère, parmi la communauté italienne très présente à New York. Dans son sillage, on trouve toujours June, sa meilleure amie, un peu plus extravertie (et grande gueule aussi, il faut le dire). En 1980, elles ont seize ans, fument des cigarettes en bord de mer pour faire comme les grandes, et croient avoir la vie devant elles. Et pourtant, cela ne sera pas aussi simple, puisque la vie va leur faire payer le prix fort à toutes les deux.

C’est une histoire d’amitié, d’amour et plus encore que nous propose Laurence Peyrin, sans la niaiserie et la sensiblerie qui vont souvent avec. Elle nous fait un portrait de New York de 1980 à 2001, avec ses habitants qui rêvent d’aller à Manhattan, ceux qui y arrivent, ceux qui voudraient presque en partir. C’est un peu Dallas quand même, il y a des mariages, des trahisons, des adultères, beaucoup d’enfants et la nature se déchaîne, mais finalement ce n’est pas si spectaculaire. Parce que c’est un peu la vie quand même, et promis, on est quand même très loin des Feux de l’Amour.

“L’ambition, dit-elle. Quelle ambition ? La seule ambition qui vaille est d’être heureux de se lever le matinet ça, ça n’a pas de prix. Tant de gens ne se réveilleront pas demain […] Ne peut-on pas se contenter d’aimer ce qu’on a ? Tu sais ce que disait notre ami John Lennon : “La vie est ce qui vous arrive pendant que vous êtes occupé à faire d’autres plans”. “

Une histoire incroyable digne des grands romans américains

Laurence Peyrin prend comme de l’assurance avec ce roman qui va plus loin : le décor est planté et on s’y sent bien, à tel point qu’on sentirait presque l’odeur des pizzas italiennes ou des bonbons qu’Angela vend toute la journée. Son écriture a beaucoup évolué aussi ; je me suis laissée porter par les premières pages, quitte à ne plus quitter le livre.

Certains personnages agaceront peut-être certains, mais ce ne fut pas mon cas (à part peut-être Nick quand même !). Ils ont tous des défauts, mais ne sont jamais manichéens, et c’est l’une des forces incontestables de ce roman. Même June la névrosée narcissique est plus qu’excusable, et j’ai compris pourquoi Angela l’aime autant.

“On devrait tous avoir deux vies. On se trompe toujours dans la première.”

Miss Cyclone est un roman qui se lit avec grand plaisir et qu’on referme difficilement. Il reste en mémoire un bon moment, et il est difficile de passer à autre chose après l’avoir lu. Laurence Peyrin a créé des personnages auxquels on s’attache et qu’on ne veut plus quitter.

En attendant d’aller à Coney Island moi-même, je suis ravie d’avoir pu découvrir ce roman, qui est un quasi-coup de cœur pour ma part.

miss cyclone –

Miss Cyclone ; Laurence Peyrin

Calmann-Lévy

30 mars 2017

342 pages

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