Les Orphelins du bout du monde
La Lectrice

Les Orphelins du bout du monde – Harmony Verna

Les éditions Belfond nous ont encore proposé un sacré roman historique en juin dernier avec Les Orphelins du bout du monde. Si la taille du roman avait un peu effrayé la flemmasse que je suis, j’ai finalement été très surprise en découvrant que celui-ci se lisait tout seul et était très prenant.
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Au début du XXe siècle, une somptueuse histoire d’amour à l’atmosphère ensorcelante, avec pour toile de fond les vastes plaines de l’Ouest australien, terres ancestrales du peuple aborigène.
Leonora est une miraculée. Abandonnée par son père dans la fournaise du désert, puis recueillie dans un orphelinat, la petite s’est murée dans le silence. Son seul ami : James, un Irlandais rebelle, qui la protège comme une sœur. Mais le lien si fort qui unit les deux orphelins est brutalement rompu lorsque Leonora est adoptée par les Fairfield, de riches industriels qui l’emmènent aux États-Unis.
Des années plus tard, c’est une belle héritière qui revient sur les terres australes, au bras de son mari, le ténébreux et irascible Alex Harrington, venu diriger la mine des Fairfield. C’est là que Leonora va retrouver James. Malgré le temps, leur complicité est intacte ; or Alex ignore tout du passé de la jeune femme…
Comment lutter contre cette force irrésistible qui la pousse vers James ? Comment échapper à la soif de contrôle maladive de son époux ? Pris au piège de la jalousie, des mensonges et des drames de l’Histoire, les orphelins du bout du monde seront-ils un jour réunis ? 
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Un roman sur les colons d’Australie

Harmony Verna plante très vite son décor : elle nous emmène dans l’Australie du début du vingtième siècle, où les immigrés européens et américains sont particulièrement nombreux, voyant en ce pays gigantesque un espoir d’une vie meilleure – et si possible de réussite financière. Mais comme partout, il y a les nantis qui imposent leurs règles, et ceux qui s’appauvrissent et souffrent en silence. Le climat de la région rend les récoltes parfois très bonnes puis très mauvaises et nombreuses sont les fermes où il n’y a rien à manger le soir. Certains acceptent alors des métiers particulièrement difficiles, comme dans les mines de charbon, quitte à se tuer littéralement à la tâche.
L’atmosphère du roman est lourde, pesante, et ce dès le début. J’ai eu la sensation d’être plongée au cœur d’un roman naturaliste de Dickens ou d’Émile Zola, poussant le détail et le pathos assez loin. Si j’ai pu regretter un peu trop l’usage du mélodrame sur la fin, il n’en reste que l’auteur réalise une impressionnante fresque du paysage local de l’époque. On sent la chaleur implacable du bush et on entend les mouches qui viennent se coller aux peaux moites. La nature est impitoyable et les hommes fatigués, parfois perfides et taiseux.

L’histoire de deux orphelins livrés à leur sort

L’action se concentre autour de Leonara et de James, deux orphelins au caractère assez particulier. Les passages consacrés à leur enfance sont touchants à souhait et on suit alors leur histoire sur cinq cents pages, de leur séparation jusqu’à leurs retrouvailles. A l’image d’Oliver Twist, ils vont souvent de mésaventure en mésaventure et le lecteur est embarqué dans leurs malheurs. Si leur histoire était intéressante, elle était pour moi moins captivante que celle du contexte historique du pays ; je suis toujours très critique dès qu’il y a un peu trop de mélodrame ou de niaiserie, et je n’ai forcément pas du tout adhéré aux quelques scènes de romance que j’ai trouvées bien trop caricaturales. Néanmoins cela plaira sans aucun doute aux aficionados du genre, et les personnages en eux-mêmes incarnent une véritable peinture sociale de l’Australie moderne.
Les Orphelins du bout du monde est donc un roman historique prenant sur l’histoire peu glorieuse de l’Australie, légèrement trop larmoyant pour moi, mais qui plaira à coup sûr à tous les fans du genre.
Lu dans le cadre du Cercle des Lecteurs Belfond.
les orphelins du bout du monde
Les Orphelins du bout du monde ; Harmony Verna
Belfond
Paru le 1er juin 2017
566 pages

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