La Lectrice

La Faim Blanche – Aki Ollikainen

La Faim Blanche ; Oki Allikainen

Héloïse d’Ormesson

25 août 2016

150 pages

Quatrième de couverture : 1867, la grande famine frappe la Finlande. Pour survivre, Marja est contrainte d’abandonner sa ferme. Seule sa détermination à rallier Saint-Pétersbourg lui donne la force d’avancer avec ses deux enfants dans l’implacable hiver.
Tandis qu’à travers le pays, une population spectrale fuit la misère, à Helsinki, le sénateur, méditant sur la politique d’austérité, regarde par la fenêtre la neige tomber. La frontière qui sépare le monde des vivants de celui des morts, les indigents des fortunés, est ténue et vacille sans cesse.

Dans la lignée de La Route, La Faim Blanche est un de ces récits qui peignent l’immuable volonté de vivre. Un conte onirique éblouissant. Une révélation poétique.

Mon avis : S’il y avait un livre de la rentrée littéraire qui me faisait envie, c’était bien celui-ci. Déjà, parce que je n’avais jamais lu de livre d’auteur finlandais. Et surtout parce que le sujet m’inspirait beaucoup : je n’avais jamais entendu parler de cette tragédie humaine qu’a été cette famine durant l’hiver 1867 en Finlande, aussi je voulais en savoir plus.

J’ai dévoré ce roman en quelques heures. Je m’attendais à une lecture éprouvante ; mais peut-être pas à ce point-là. C’était intense, cruel, je sentais le froid et la faim à travers les pages. Mon estomac se serrait en même temps que celui de la famille de Marja, qui prend la route en espérant trouver de la nourriture et un toit ailleurs. Mais malheureusement, ils sont nombreux à vouloir en faire autant. Et bien peu sur leur route acceptent de leur ouvrir leur porte…

La Faim Blanche, c’est le récit d’un voyage tragique – vers l’espoir ou la mort, on ne sait pas trop. C’est le voyage de la dernière chance, celui de réfugiés transis de froid qui ne demandent qu’à manger. Face au peu de réaction du sénateur et de la sphère politique, qui réfléchit à peine, regardant la neige tomber au chaud derrière de grandes fenêtres.

“C’est peut-être le nœud du problème. La famine retranche à la nation ses éléments les plus faibles, comme le jardinier élague les mauvaises branches d’un pommier.”

C’est un récit court et puissant qui donne la chair de poule et plus encore. Envie de vomir presque parfois, tant c’est éprouvant, presque choquant. J’ai pris le temps de faire des pauses, de sortir un peu de cette histoire, de souffler. De profiter un peu de la chaleur parisienne actuelle avant de me replonger de nouveau dans ce froid polaire.

L’auteur a une écriture superbe, qui transcende tout. Qui amène avec elle le froid, la faim, la peur. Qui percute le lecteur, le malmène parfois sans trop de ménagement, pour qu’il comprenne l’étendue de ce désastre humain.

“Qui voudrait révéler à l’enfant que la liberté n’existe pas ? Plus nous glissons près d’elle, plus nos mains cherchent frénétiquement à attraper les chaînes passant à notre portée. Nous courons après un feu follet, chacun poussé par sa propre obsession. La longueur de nos chaînes montre les frontières de notre liberté, il n’y a qu’en nous contentant de notre sort que nous pouvons vivre sans nous en soucier. Nos désirs sont les plus durs des jougs. Une fois ceux-ci étouffés, plus besoin de se débattre.”

J’ai donc passé un très bon moment de lecture avec La Faim Blanche, et je crois que cela est aisément perceptible. Je pense que c’est un livre que j’aurais du mal à relire tant il est éprouvant. Je suis néanmoins très contente d’avoir maintenant connaissance de cette tragédie humaine, si bien racontée par Aki Ollikainen. Ce livre a été nominé au Man Booker Prize… Maintenant je comprends pourquoi !

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