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La Lectrice

La Blancheur qu’on croyait éternelle – Virginie Carton

La Blancheur qu’on croyait éternelle ; Virginie Carton

Le Livre de Poche (1ère parution chez Stock)

9 mars 2016

214 pages

Quatrième de couverture : Mathilde et Lucien vivent à Paris, dans le même immeuble, mais ne se connaissent pas. Pourtant, ils se ressemblent. Il n’aime pas danser, elle n’aime pas se déguiser ; il aime les films avec Jean-Louis Trintignant, elle nourrit une passion secrète pour Romy Schneider ; il a gardé le ticket de métro du premier jour où il est allé au cinéma seul, elle a toujours dans son sac le foulard que lui a offert Julien. Mais surtout, ils ont, depuis l’enfance, la même impression persistante de ne jamais se sentir à leur place nulle part. Ces deux sentimentaux parviendront-ils à se reconnaître dans une foule plus vraiment sentimentale ?

Mon avis : La fille elle laisse le blog à l’abandon plus de deux semaines d’affilée et elle donne aucune explication. Bah oui, t’as vu ça où ? Je crois que la pause des vacances a été la bienvenue, et j’ai finalement aussi pris plaisir à me déconnecter un peu du blog (oui oui, je le dis sans honte). Faire autre chose – visiter, faire chier mon copain et ma soeur entre autres – ça fait beaucoup de bien aussi de temps en temps. Je reviens donc un peu comme une fleur avec ma revue de la dernière lecture du mois (finie fraîchement il y a une heure !), à savoir La Blancheur qu’on croyait éternelle de Virginie Carton. Où le livre qu’on a vu sur toute la blogo cet été et qui me rendait folle.

Mais l’attente valait peut-être la peine, croyez-moi. Ma mère est arrivée avec ce bouquin dans ses valises (l’abrutie que je suis l’avait oublié sur ses Billy avant de partir à l’étranger), et j’ai décidé de remettre à plus tard toutes mes lectures plus urgentes pour commencer celle-ci. Pour une fois c’était l’idée du siècle, parce qu’avec le départ de ma famille, de mon copain et de la reprise des cours, j’avais un gros besoin de réconfort. Ce livre est un petit chocolat au cœur tout coulant ; de la bombe je vous dis.

Si comme moi vous êtes une vraie fleur bleue, que vous puez la niaiserie à quinze mille dès que vous voyez votre amoureux (ou un écureuil, au choix), et que vous avez déjà vu vingt mille fois Le fabuleux Destin d’Amélie Poulain, jetez vous sur ce roman. C’est l’histoire de deux émotifs anonymes, de deux âmes un peu perdues dans un monde qui va trop vite. Comme ils le disent eux-mêmes, ils ont loupé le coche vingt fois, ils sont déroutés, mais ils ne manquent pas de volonté.

Lucien est un pédiatre avec des projets plein la tête, qui rêve d’aller à Deauville sur les traces de Jean-Louis Trintignant. Mathilde est une femme qui se fait tout le temps marcher sur les pieds, et qui préfère de loin le confort d’une soirée cosy à s’enquiller des sablés devant Miss France que d’aller à une soirée déguisée. Ces deux-là se ressemblent tellement, mais ils sont si renfermés qu’ils ne se remarquent même pas. Ce roman, c’est l’histoire de toutes leurs rencontres, manquées, et de celle qu’on espère triomphante.

Ce bouquin est une bulle de savon, un carré de chocolat noir aux zestes d’orange, une musique douce avant de s’endormir, une caresse légère qu’on est pas prêt d’oublier. C’est l’histoire de personnages qui sont nostalgiques du parfum de la colle Cléopâtre et qui adorent le contact avec les arbres. C’est un roman sur la sensation, le cocooning en puissance, la timidité maladive, mais la mignonnerie, toujours. L’auteur dépeint les caractères de ces personnages à merveille ; ils ne sont en rien caricaturaux, ils ont cette substance qui leur est propre, des envies, des petites peurs (mais aussi des grosses), des rêves cachés, un caractère bien à part. Ils vivent dans un monde où ils ne sont pas raccord, ils avancent sous les brimades des autres, toujours en ayant un peu honte d’ailleurs (car quoi de plus courageux parfois que d’assumer directement ses choix ?)

“Pour Mathilde, le printemps, c’étaient les fleurs du cerisier du Japon de maman Godelieve. Le printemps, c’étaient les coccinelles dont elle comptait les points noirs pour en  connaître l’âge. Le printemps, c’était fabriquer des parfums sur le muret où bronzait sa grand-mère, avec du jus de rose et du pistil de marguerite broyé. Traverser la pelouse d’en face en profitant de l’absence du garde champêtre. Se demander à quoi servait le garde champêtre à part à faire peur aux enfants. Le printemps, c’était dresser des scènes en carton derrière des rideaux de couvertures et jouer des pièces de théâtre avec ses cousines sur le perron de l’école les mercredis et les jours fériés. Le printemps, c’était avoir le droit de regarder un De Funès à la télé même si le lendemain il y avait école, parce que c’était la fin de l’année. C’était la distribution des prix. La fin du calvaire aussi. “

C’est un livre qui se lit très, très vite, qu’on dévore comme on éclate la plaquette de chocolat sans trop s’en rendre compte, un petit bonheur pas bien cher que je suis ravie d’avoir enfin découvert. Et une belle façon de revenir sur le blog après tant d’absence – comme pour conclure le mois d’octobre !

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