Kiki de Montparnasse – Jean-Louis Bocquet et Catel
Compagne et modèle de Man Ray, elle fut l’amie de nombreux artistes, de Cocteau à Modigliani et de Foujita à Picasso. Le fabuleux destin d’Alice Prin, alias Kiki de Montparnasse, est retracé dans cet album qui s’est vu décerner le Prix Essentiel Fnac-SNCF en 2008. Avec ce portrait d’une femme éprise de liberté, Catel et Bocquet entraînent le lecteur au cœur du Paris d’entre-deux-guerres, qui vit éclore une génération exceptionnelle de créateurs.
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Passion surréalisme
Ceux qui me connaissent depuis un moment savent que je voue une passion sans bornes à Man Ray, tout ce qui touche au surréalisme, et à Paris dans les années 1920/30. Les Années Folles, ce flot d’artistes passionnants, La Lost Generation et Gertrude Stein… J’adore. Du coup, quand je vois des livres qui abordent cette période, je suis facilement tentée. Il est donc évident que cette bande dessinée occupait une place de choix dans ma wishlist, et quand je l’ai découverte en bibliothèque il y a quelques semaines, je n’ai pas réfléchi longtemps.
Kiki de Montparnasse, c’est l’histoire d’une fille particulièrement effrontée et d’un destin hors normes. Une jeune fille pour le moins ordinaire comme en témoigne son vrai nom, Alice Prin, qui n’arrive tout simplement pas à faire comme tout le monde. C’est plus fort qu’elle. Kiki, elle fait du bruit, elle rit fort et elle dit ce qu’elle pense. Elle ne se fait pas marcher sur les pieds, oh non.
Portrait d’une femme de caractère
Alice Prin est une forte tête qui quitte sa campagne pour monter à Paris. Malheureusement tout n’est pas gagné. L’emploi qu’on lui donne ne lui convient pas, elle se fait virer de chez elle, elle est pauvre, et la seule solution qui s’offre à elle et qui lui convient est de poser pour des artistes peintres. Alice Prin gagne donc le cercle des artistes parisiens de Montparnasse, et c’est pour elle le début d’une assez grande carrière. Pas forcément prolifique en tant que telle, mais à son image, bruyante, lumineuse. Elle devient Kiki, et côtoiera les plus grands. Dont Man Ray, mon héros, of course. L’homme de sa vie sans doute. Ils forment un couple incroyable, quoi qu’éclectique, unis par un amour déchirant. Ils s’aiment sans s’aimer, s’aiment puis ne s’aiment plus, mais resteront plus ou moins soudés toute leur vie.
Cette bande dessinée nous retranscrit cette idylle entre deux fortes têtes et bien plus encore ; elle nous dresse la biographie complète de cette femme un brin cinglée mais quand même terriblement attachante. Kiki est cette petite un peu gâtée, revêche et culottée, qui cherche toujours un moyen de rebondir après la tempête. L’issue en sera fatale, mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a vécu grandement.
J’ai beaucoup aimé cette BD. Lorsque je l’ai ouverte, j’avais quelques réticences vis-à-vis des dessins, mais j’ai finalement été complètement prise par l’histoire de l’héroïne et j’en ai oublié le reste. C’est un ouvrage très bien documenté (en attestent les biographies des personnages connus à la fin du livre), riche (plus de 400 pages pour une bande dessinée, c’est rare !), et légèrement romanesque. Une très belle découverte qui m’a donné envie de lire d’autres bandes dessinées de ces auteurs, comme Olympe de Gouges (aussi chez Casterman).
En somme, un ouvrage passionnant, prenant, mais aussi un véritable morceau d’histoire sous forme de bulles. J’ai adoré !
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Kiki de Montparnasse ; Bocquet et Catel
Casterman (Écritures)
2007
384 pages
4 Comments
Fanny / Pages Versicolores
Comme tu le sais, j’ai aussi adoré! Cette fille cinglée et si attachante restera dans ma mémoire 🙂
Laroussebouquine
Il y a de quoi !
bianca
J’ai beaucoup aimé cette bd aussi l’an dernier
Laroussebouquine
Elle est vraiment très chouette !