Après la série, je m’attaque au livre : Orange is the New Black, par Piper Kerman !
Après avoir disserté sur ma passion pour Grey’s Anatomy, je vais aujourd’hui vous parler d’un livre, mais tout d’abord de mon amour pour une autre série américaine : Orange is the New Black. Perdant patience et voulant absolument voir la saison 4, j’ai décidé de m’attaquer au livre qui a inspiré la série, soit le récit de Piper Kerman (dans la série Piper Chapman), emprisonnée dans un centre pénitencier fédéral de sécurité minimale dans le Connecticut.
**
Piper Kerman est une jeune femme ordinaire : elle a un emploi, un compagnon, une famille aimante. Elle est très loin de l’intrépide étudiante qui a livré une valise d’argent sale dix ans plus tôt. Mais le passé la rattrape : condamnée à quinze ans de prison, elle devient le matricule 11187-424. Rien ne l’a préparée aux surveillants abjects ou indifférents à sa souffrance, aux douches crasseuses, à la promiscuité et à la solitude. Ni aux rencontres avec les autres détenus, amies ou ennemies, féroces ou résignées. C’est ce monde humiliant ou déshumanisant qu’elle décrit ici. Elle parvient cependant à surmonter cette épreuve, à résister au désespoir, à contourner les règles de la prison. Déchirant, drôle et révoltant, le récit de Piper Kerman a inspiré la série télévisée du même nom.
**
L’histoire de Piper Kerman, détenue aux Etats-Unis
Première chose très importante à savoir sur ce livre : ceux qui s’attendaient à avoir la même histoire que dans la série, aussi drôle avec autant de personnages peuvent passer leur chemin tout de suite. Certes, une grande partie de l’histoire est la même. Mais dans la mesure où il s’agit d’un témoignage / récit autobiographique, le tout est concentré sur Piper. Exit les épisodes focalisés sur les autres personnages. Mais à vrai dire, ce n’est personnellement pas quelque chose qui m’a gênée, car j’ai trouvé que ce livre était passionnant par bien d’autres aspects.
Tout d’abord, c’est un témoignage touchant, poignant, et contrairement à certaines critiques que j’ai pu lire, loin d’être écrit par une personne égocentrique. Du moins je ne pense pas. J’ai appris bien plus de choses sur le système carcéral américain par le biais du livre que par celui de la série. Piper nous raconte tout le processus du jugement de son affaire, les années qu’elle a attendues en sachant très bien qu’elle serait emprisonnée – ne sachant juste pas quand – les conditions de vie à l’intérieur de la prison, et surtout le peu de chances de réinsertion offertes aux détenues. Dans tout le livre, Piper est consciente qu’elle est une détenue peu ordinaire. Elle vient d’une bonne famille, elle est légèrement BCBG, et quand elle rentre en prison, elle sait qu’elle a déjà un travail à la sortie. Durant toute son incarcération, certains gardiens lui offrent parfois quelques passe-droits. Auxquels elle ne dit pas non, car il faudrait être fou pour refuser ; néanmoins, elle ne cesse de rappeler et de s’indigner devant le fait que les autres ne sont pas toujours logées à la même enseigne et n’ont quasiment aucune possibilité de sortie. Elle se considère comme une détenue parmi les autres, ayant fait une erreur grave, pour laquelle elle doit payer, mais pas une mauvaise femme en soi. Elle montre que la plupart de ses co-détenues sont arrivées là car elles n’ont jamais connu de chance d’insertion à part dans l’économie souterraine et qu’elles n’ont aucun moyen de réussir une fois sorties (avec un casier judiciaire qui plus est).
“Je n’étais qu’une des sept cent mille personnes libérées chaque année des prisons américaines, consciente au plus haut point cependant des opportunités dont je bénéficiais dehors contrairement à la plupart de ces hommes et de ces femmes. J’avais un endroit sûr et stable où vivre, un réseau de parents et d’amis aux ressources nombreuses pour m’aider à mon retour, un emploi précieux avec une assurance maladie. Je songeais souvent aux projets que d’autres femmes de Danbury avaient dû faire : le refuge pour SDF, le tribunal des affaires familiales, les perspectives d’emploi incertaines. J’avais vu des centaines de détenues quitter la prison avec optimisme, déterminées à changer de vie, à aller de l’avant, et je savais que la plupart d’entre elles devraient trouver le moyen de procéder à ce changement avec très peu d’aide.”
Une description critique du milieu carcéral américain
C’est un livre profondément humain, et peut-être plus encore que la série. La série est drôle, pleine de rebondissements et d’action, on y voit de nombreux personnages avec des histoires différentes, et c’est pour ça que je l’apprécie. Le livre m’a proposé quelque chose d’autre : moins de comique, moins d’action, mais il m’a bien plus appris et peut-être plus touchée. On y retrouve bien entendu certains personnages de la série, sous d’autres noms, et d’autres n’ont que certaines caractéristiques un peu moins poussées que pour certains personnages de la série. Quoi qu’il en soit, j’ai été ravie de les retrouver dans ce récit.
Que vous soyez ou non amateurs de la série, je vous conseille Orange is the New Black par Piper Kerman sans hésiter. C’est un témoignage fort, qui apprend beaucoup sur le milieu carcéral américain, le récit d’une aventure humaine, et le tout est très bien raconté. Une très belle découverte donc !
–
Orange is the New Black ; Piper Kerman
Pocket (1ère édition : Presses de la Cité)
2015
442 pages
6 Comments
Ma Lecturothèque
Je me suis moi-même attaqué à ce roman au cours de l’été dernier, et j’ai beaucoup aimé. Comme tu dis, c’est un livre profondément humain.
En revanche, c’est bien la première fois que je lis que des gens trouvent l’auteure égocentrique, et je ne comprends pas pourquoi…
Laroussebouquine
J’avais lu ou entendu ça sur une chronique écrite ou vidéo, je ne me souviens plus… Mais ça m’avait un peu refroidie juste avant d’ouvrir le livre !
Valérie
C’est intéressant ton ressenti. Comme toi, j’adore la série mais j’ai mis du temps à apprécier Piper à qui je trouvais un côté enfant gâté.
Laroussebouquine
Un peu, mais justement dans le livre on voit qu’elle dépasse ce côté là, elle se rend compte de ses avantages et elle ne cesse de hurler vis à vis des conditions des autres femmes qui ne reçoivent aucune aide !
Sorbet Kiwi
Je devrais me remettre à la série, je me suis arrêtée au premier épisode de la saison 2, et depuis je suis tellement dans d’autres séries que j’ai laissé celle ci un peu tomber. En tous cas, le roman à l’air intéressant aussi, mais je n’aime pas Piper sur écran, pas sur que j’accroche à celle sur papier ^^
Laroussebouquine
Elle est assez différente de la Piper de l’écran justement, donc tu devrais peut-être aimer !
En tout cas le roman a vraiment quelque chose en plus (ou en moins, tout dépend des points de vue) que la série. Mais il plus réaliste, ça c’est évident !
Et la saison 4 vient de reprendre hier, c’est une bonne raison pour s’y remettre !