sauveur et fils
La Lectrice

5 livres pour découvrir l’univers incroyable de Marie-Aude Murail

Il y a quelques temps je découvrais le premier tome de Sauveur et Fils de Marie-Aude Murail. Je vous en ai déjà pas mal parlé, je l’ai acheté en avant-première en mars au Salon du Livre de Paris, j’ai vu l’auteur, j’étais aux anges, j’ai failli pleurer en tant que grosse groupie, j’ai eu une dédicace trop chouette (et même un câlin en prime, si c’est pas la classe). Et après ça, j’ai lu le livre. Et sans surprise, j’ai adoré. Et j’en ai encore parlé pendant dix ans ; et tenez vous bien, ça n’est pas fini.

Pour ceux qui ne l’auraient toujours pas compris, Marie-Aude Murail est mon auteur préférée, et ce depuis que je suis gamine. Et même en grandissant, ça ne change toujours pas. Alors que de nombreux livres jeunesse m’agacent au possible (je pense malheureusement que je ne suis plus le public idéal), je dévore toujours les siens à une vitesse folle et ils me procurent des émotions sans pareilles. Mais à chaque fois que je publie une revue sur un livre de l’auteur, j’ai remarqué que j’avais souvent un commentaire du type : je connais l’auteur de nom, mais elle a écrit tellement de livres ! J’en ai lu aucun, et je ne sais pas par lequel commencer.  C’était sans compter sur ma détermination à toute épreuve… Aujourd’hui, je vous fais mon TOP five. Ou du moins, voilà cinq livres de l’auteur que j’ai adorés (même si je les aime tous), et qui racontent des histoires très différentes à chaque fois.

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1.Vive la République

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Si vous suivez mon blog depuis assez longtemps, il est impossible que vous soyez passés à côté de ce livre. C’est MON livre préféré. Ever. Pas moyen de le critiquer. J’ai dû l’avoir à un Noël lorsque j’avais dix ans, et je dois le relire environ une fois par an. C’est mon livre doudou par excellence, celui qui me réconforte tout le temps, celui où je voudrais rejoindre les personnages, celui qui me transporte loin de tous mes soucis quotidiens. Et le pire, c’est qu’il n’y a même pas d’explication logique à ça. A part qu’il est génial.

“A 22 ans, Cécile va réaliser son rêve de petite fille devenir maîtresse d’école! La voilà donc qui affronte, le cœur tremblant, sa première rentrée des classes à l’école primaire Louis-Guilloux. Face à elle, dix-huit CP : Baptiste jamais assis sur sa chaise, Audrey qui aime déjà sa maîcresse, Marianne l’endormie, Steven au QI ” limite “, Louis si zenti, Tom le querelleur, Robin le gros bébé, Toussaint et Démor Baoulé, fraîchement arrivés de Côte-d’Ivoire… Cécile doit tout simplement leur apprendre à lire. Mais ce n’est pas si simple que ça, quand votre directeur vous impressionne et que l’inspecteur vous terrorise, quand vos collègues vous snobent, quand vous n’avez aucune autorité sur les enfants, quand rôdent des gens inquiétants autour de l’école, et qu’en plus vous tombez amoureuse du serveur de Tchip Burger!”

On suit donc plusieurs personnages, dont Cécile, une jeune institutrice bien timide qui n’est pas au bout de ses peines. Marie-Aude Murail nous dépeint ensuite une galerie de personnages tous plus géniaux les uns que les autres. Comme dans tous les autres livres que je vais vous présenter, on voit la mesure de son talent au fait que tous ses personnages sont incroyablement crédibles, humains. Ils ont un vécu, ils partagent certaines références avec le lecteur (ici les jouets du Menu Enfant du Tchip Burger, la liste au Père Noël comme Qui veut gagner des Millions, et j’en passe !) et on se sent tout de suite à l’aise. J’ai parfois l’impression en lisant un livre de Marie-Aude Murail qu’elle nous invite à rejoindre ses personnages ; à nous poser dans leur salon avec un pyjama en pilou-pilou et à regarder ce qui se passe. Et c’est incroyablement réconfortant.

Dans Vive la République, l’auteur aborde le fait de se retrouver en tant qu’institutrice face à une classe qu’on ne sait pas trop gérer, les tractations économiques sous le manteau, et la galère des sans-papiers. Le livre a été publié en 2005 chez Pocket Jeunesse, mais il est plus que jamais d’actualité. En bref, foncez.

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2.Papa et Maman sont dans un bateau

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Ma revue détaillée juste ici !

Encore un contemporain jeunesse qui explore des problèmes de société de façon très juste… J’avais rencontré Marie-Aude Murail pour la première fois à la sortie de ce livre, paru en 2009 chez L’Ecole des Loisirs, comme la plupart de ses livres. C’est un roman que j’avais adoré, encore. Je l’avais lu en cours de français au collège, et je l’ai racheté en 2014 au Salon du Livre de Montreuil, à une période où j’allais assez mal et où j’avais besoin de me tourner vers des valeurs sûres. Ce livre peut paraître déprimant au possible au vu des problèmes qu’il aborde, et pourtant, il a cet effet thérapeutique fou qu’ont tous les livres de l’auteur sur moi. Au fond, il nous rassure, et nous fait rire. Quand même.

“Pauvres Doinel ! Ils s’aiment, mais n’ont pas le temps de se le dire. Ils ont chacun leurs angoisses, leurs soucis mais les gardent pour eux. Marc Doinel, le père aux allures de cow-boy, n’a toujours pas parlé du rachat de sa boîte par des Hollandais décidés à restructurer au lance-flammes. Nadine, la mère débordée, n’évoque jamais la lassitude qui l’accable devant les « fiches de suivi d’acquisition des compétences » de ses élèves de maternelle. Charlie, la fille aînée, se demande bien pourquoi elle est amoureuse de Kikichi, un héros de manga bisexuel, plutôt que d’un garçon de sa classe. Et pourquoi se sent-elle si transparente au collège ? Le petit Esteban, lui, ne se plaint jamais, au point de se laisser maltraiter sans broncher par les grands de l’école.
Pauvres Doinel ! S’ils savaient qu’ils partagent un rêve secret… En feuilletant un magazine, chacun d’entre eux est tombé en arrêt devant la même photo. Celle d’une yourte mongole plantée dans une clairière bretonne.”

C’est un livre qui aborde avec beaucoup de justesse la pression dans le milieu de l’entreprise, en particulier lorsqu’il est question de rachats et de volonté de faire des bénéfices au détriment de l’humain, de la vie dans une classe de maternelles où tout doit correspondre aux “objectifs” dictés par l’Education Nationale sur le livret scolaire, des joies et malheurs de la vie en troisième, entre mangas, brevet et couples qui se forment et “cassent”, et de la naïveté des enfants en primaire, entre les rêves d’enfant et les cartes Yu-Gi-Oh. C’est un roman jeunesse qui dépeint à merveille la société des enfants comme des adultes, la France d’aujourd’hui, un peu pleine de désillusion, mais où on fait aller quand même. C’est un livre magique, vous l’aurez compris, qui pour moi devrait aussi être lu par beaucoup d’adultes.

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3.Simple

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Avec ce troisième livre, on change totalement de décor puisque j’ai décidé de vous présenter un contemporain très touchant…mais d’une autre façon. Simple, c’est l’histoire de deux frères. Kléber a 18 ans, il est en terminale. Simple en a 22. Mais Simple est…simple. Handicapé mental, il vit dans une réalité qui correspond à celle des enfants. Kléber a décidé de s’en occuper…pour le meilleur et pour le pire !

“Simple dit ” oh, oh, vilain mot ” quand Kléber, son frère, jure et peste.
Il dit ” j’aime personne, ici ” quand il n’aime personne, ici. Il sait compter à toute vitesse : 7, 9, 12, B, mille, cent. Il joue avec des Playmobil, et les beaud’hommes cachés dans les téphélones, les réveils et les feux rouges. Il a trois ans et vingt-deux ans. Vingt-deux d’âge civil. Trois d’âge mental. Kléber, lui, est en terminale, il est très très courageux et très très fatigué de s’occuper de Simple.
Simple a un autre ami que son frère. C’est Monsieur Pinpin, un lapin en peluche. Monsieur Pinpin est son allié, à la vie à la mort. Il va tuer Malicroix, l’institution pour débiles où le père de Simple a voulu l’enfermer, où Simple a failli mourir de chagrin. Monsieur Pinpin, dans ces cas-là, il pète la gueule. Rien n’est simple, non, dans la vie de Simple et Kléber. Mais le jour où Kléber a l’idée d’habiter en colocation avec des étudiants, trois garçons et une fille, pour sauver Simple de Malicroix, alors là, tout devient compliqué.”

J’ai découvert ce roman en 2009, lors de ma première rencontre avec l’auteur. J’étais en troisième, et en tant que grosse fangirl, j’avais eu le droit d’accompagner la classe de cinquième qui devait justement la rencontrer. Après avoir présenté Papa et Maman sont dans un Bateau, elle nous a lu des passages de Simple. Evidemment, j’ai foncé l’acheter après. Et il fait partie des livres les plus drôles et les plus bouleversants que j’ai pu lire. Car Simple est drôle. Incroyablement drôle. Il est grand, mais…il est à l’ouest. Il fait attention à ne pas se faire manger par les crocodiles sur les passages piétons (ok, moi aussi je le fais), il bidouille tout ce qu’il trouve, et surtout : il ne sort jamais sans son lapin Pinpin. Mais le quotidien avec Simple n’a rien de simple justement. Kléber est un personnage fort, qui se débrouille tant bien que mal pour gérer à la fois un adulte…et un gamin. Là encore, il s’agit d’un roman d’une infinie tendresse que je conseillerais aussi bien aux enfants qu’aux adultes.

En plus, alors qu’il était sorti en 2004, l’Ecole des Loisirs a décidé de sortir une nouvelle édition du livre (photo ci-dessus), et je la trouve trop mignonne !

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4.Sauveur et Fils

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Ma chronique juste!

C’est que le dernier né de Madame Murail a quand même une place de choix ! Il s’agit du dernier livre de l’auteur que j’ai lu. Et l’un de mes derniers coups de cœur, aussi. J’irai donc plus vite sur celui-là que je pense que vous devez commencer à en avoir assez de le voir.

 Quand on s’appelle Sauveur, comment ne pas se sentir prédisposé à sauver le monde entier ? Sauveur Saint-Yves, 1,90 mètre pour 80 kg de muscles, voudrait tirer d’affaire Margaux Carré, 14 ans, qui se taillade les bras, Ella Kuypens, 12 ans, qui s’évanouit de frayeur devant sa prof de latin, Cyrille Courtois, 9 ans, qui fait encore pipi au lit, Gabin Poupard, 16 ans, qui joue toute la nuit à World of Warcraft et ne va plus en cours le matin, les trois soeurs Augagneur, 5, 14 et 16 ans, dont la mère vient de se remettre en ménage avec une jeune femme…
Sauveur Saint-Yves est psychologue clinicien.
Mais à toujours s’occuper des problèmes des autres, Sauveur oublie le sien. Pourquoi ne peut-il pas parler à son fils Lazare, 8 ans, de sa maman morte dans un accident ? Pourquoi ne lui a-t-il jamais montré la photo de son mariage ? Et pourquoi y a-t-il un hamster sur la couverture ?”

Bon, tout d’abord on va régler le problème : c’est un cochon d’inde sur la couverture les gars. (oui j’ai une passion dévorante pour les cochons d’inde). D’ailleurs, si comme moi vous adorez la couverture : ce chonchon a un compte instagram, rien que ça ! @boobooandfriends. Franchement allez voir, ça vaut le détour.

Pour en revenir à nos moutons, enfin nos hamsters/cochons d’inde (applaudissez la super vanne !), Sauveur et Fils, c’est donc un contemporain dans la lignée de Vive la République et Papa et Maman sont dans un Bateau. Un roman avec beaucoup de personnages, tous plus justes les uns que les autres. J’avoue, j’aurais aimé avoir Sauveur Saint-Yves comme psy. Mais au-delà de ça, c’est une histoire prenante, avec plusieurs intrigues qui s’entremêlent et vous donnent envie d’en savoir toujours plus. Un vrai page-turner. J’attends le tome 2 avec impatience. Déjà. De pied ferme. Le rendez-vous est pris Madame Murail. Ne manquez pas à vos obligations. Je pourrais devenir violente.

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5.3000 Façons de dire Je T’aime

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Pour en savoir plus, c’est par ici !

On finit sur une note un peu plus douce avec 3000 façons de dire Je t’Aime, une ode à la jeunesse et au théâtre. J’ai pris ici la couverture de l’édition de poche, sortie en mars 2014 si je ne me trompe pas, mais le grand format est sorti en 2013, toujours chez l’Ecole des Loisirs.

“Chloé, Bastien et Neville ont eu en cinquième une professeure de français qui n’aimait que les livres qui finissent mal. Un soir, elle les a emmenés pour la première fois au théâtre voir une représentation de Dom Juan de Molière. Cette soirée a changé leur vie. C’est décidé, ils seront comédiens !
Six ans plus tard, leur désir de monter sur scène est intact et ils se retrouvent au conservatoire d’art dramatique de leur ville. Le professeur le plus réputé, Monsieur Jeanson, les prend tous les trois dans son cours.
Chloé va devoir concilier les cours de théâtre avec le rythme intensif de la classe préparatoire qu’elle vient d’intégrer. Bastien, prêt à tout pour faire rire, pense qu’il suffit de regarder une vidéo de Louis de Funès pour apprendre la tirade d’Harpagon. Le beau et ténébreux Neville a peur de se donner les moyens de son ambition, d’être un autre pour savoir enfin qui il est. Comment le théâtre va-t-il lier pour toujours la jolie jeune première, le valet de comédie et le héros romantique que Jeanson a su voir en eux ?”

C’est un livre que j’ai lu il y a pile un an au moment de mes concours pour l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Je finissais ma khâgne avec grand bonheur, et j’ai eu le plaisir de découvrir ce livre où la littérature était à l’honneur, mais qui parlait aussi des classes prépa. Marie-Aude Murail m’a confié l’autre jour en avoir parlé suite au parcours de sa fille, qui était justement en hypokhâgne elle aussi. Ce n’est pas le sujet le plus important du roman, mais pour une fois, j’ai trouvé qu’il n’était pas trop mal traité. Chose qui était un pari risqué. J’ai beaucoup adhéré à l’histoire de cette amitié entre trois jeunes qui n’ont rien en commun à part leur amour pour le théâtre. L’histoire, encore une fois était très prenante, et j’ai pris beaucoup de plaisir durant ma lecture.

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Ces cinq livres sont tous pour moi des coups de cœur, même si Vive la République reste indétrônable. C’est le seul livre auquel j’ai attribué la note de 20/20 sur Livraddict. Marie-Aude Murail est pour moi une auteur incroyable, qui a une place inestimable dans mon cœur.

Elle a un talent de naturaliste hors pair. Elle décrit la société française d’une façon incomparable, et tout le monde s’y reconnaît forcément un peu. Je me souviens, toute timide, lui avoir demandé lors de ma première rencontre avec elle en 2009 comment elle faisait pour connaître avec justesse autant de milieux différents. Elle m’a répondu faire comme Emile Zola. C’est une grande observatrice, et tout comme le grand écrivain plus d’un siècle avant, elle va dans tous les milieux qu’elle raconte pour s’en imprégner. Elle a d’ailleurs remercié à cette occasion tous les professeurs qui lui ont ouvert leur classes pour quelques heures, mais aussi les médecins parfois, et d’autres gens, qu’elle a pu rencontrer.

C’est un article qui me tenait particulièrement à cœur, une façon de rendre hommage à son travail que je trouve génial, même si je le fais d’une piètre façon. Si vous êtes arrivés jusqu’ici, merci, car vous avez visiblement supporté ma logorrhée pendant de nombreuses lignes. N’hésitez pas à me dire si vous avez déjà lu des livres d’elle, le(s)quel(s), et si non, si je vous ai donné envie d’en lire certains ! J’espère en tout cas que ce sera le cas.

En attendant : à Madame Murail, merci de m’avoir fait rire, sourire, et surtout d’avoir égayé de nombreuses journées très sombres.

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