Mohammad, ma mère et moi – Benoit Cohen
Mohammad, ma mère et moi de Benoit Cohen est un roman paru au printemps chez Flammarion dont j’ai souvent entendu parler – en bien. Quand l’auteur m’a proposé de me l’envoyer, je me suis empressée de dire oui. Faute de temps, je l’ai malheureusement fait attendre un peu dans ma bibliothèque, et je ne l’ai découvert que ces derniers jours. Je ne regrette qu’une chose – ne pas l’avoir ouvert plus tôt !
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Au moment où Donald Trump accède au pouvoir, Benoit Cohen, cinéaste français installé aux États-Unis, apprend que sa mère s’apprête à héberger, dans l’hôtel particulier du 7e arrondissement où elle vit seule, Mohammad, un migrant afghan. Alors que Benoit Cohen s’insurge contre ce président raciste qui menace de fermer les frontières, il ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour sa mère qui, sans lui en avoir jamais soufflé mot, ouvre sa porte à un étranger. Il revient alors à Paris et rencontre Mohammad. Ce garçon qui, de déracinement en déracinement, a grandi, à l’instar des chats, sept fois plus vite qu’un jeune occidental, va lui confier son histoire. Entre Benoit, exilé volontaire, et Mohammad, réfugié malgré lui, une relation intense se noue, sous le regard de Marie-France, qui vient compléter cet improbable trio.
Dans ce récit singulier, Benoit Cohen décrit, non sans humour, ce chemin exaltant et complexe qu’est la rencontre de l’autre et s’interroge sur ce que «donner» veut dire.
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Certains romans vous touchent en plein cœur. C’est le cas de Mohammad, ma mère et moi de Benoit Cohen. C’est l’histoire de deux hommes qui ont quitté leur pays, pour des destinations différentes et des raisons différentes. L’un a quitté la France pour les Etats-Unis, parce qu’il avait envie d’une nouvelle vie. Il pensait avoir fait le tour en France et souhaitait avoir de nouvelles perspectives. Il pensait avoir le goût du risque. Il a serré les fesses pour obtenir la précieuse carte verte, avant de se voir vite offrir la possibilité d’emménager avec femme et enfants à New York. C’est l’auteur. Le deuxième est un jeune homme qui a connu la guerre en Afghanistan. Il a travaillé sur place pour l’armée française jusqu’à ce qu’elle se retire, et s’est soudain vu menacé de mort. Pour survivre, il a dû quitter son pays à la hâte, sans papiers ni famille. Il a erré de pays en ambassades avec l’espoir d’un sésame : un passeport et une carte de séjour pour une vie moins violente. Au bout de très longs mois, il a atterri en France. Mais une fois sur place, il a découvert qu’il était invisible. Pire encore, un nuisible que personne ne voulait voir près de chez soi.
“Je me réfugie derrière l’idée que je travaille à domicile et je ne peux pas prendre le risque d’être déconcentré. La réalité est que je ne veux pas renoncer à mon confort. Pourquoi, dans nos esprits d’Occidentaux, le confort est-il si important? Pourquoi n’arrive-t-on pas à y renoncer? Pourquoi sommes-nous à ce point renfermés sur nous-mêmes?”
Benoit Cohen signe un roman sur l’immigration particulièrement touchant et nous confronte à notre vision de l’autre. Sans jamais culpabiliser son lecteur, il nous met face à nos propres contradictions. En racontant sa famille et le parcours de Mohammad, l’auteur retrace une incroyable aventure humaine faite de renoncements, mais aussi de beaucoup d’amour.
Mohammad, ma mère et moi est un récit bouleversant sur l’adoption d’un jeune afghan qui a traversé le monde entier pour une vie loin des bombes. Une leçon de vie pleine d’humilité qu’on dévore et qui nous fait forcément réfléchir !
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Mohammad, ma mère et moi ; Benoit Cohen
Editions Flammarion
Paru le 4 avril 2018
288 pages
2 Comments
Christine /Marmara
Chronique qui ne manque pas d’intérêt. ☺la rencontre de l’autre… nos contradictions. .. nous en sommes
pétris, nous les humains.
Laroussebouquine
Complètement ! C’est l’une des raisons pour laquelle j’ai beaucoup aimé ce livre !