Les Garçons de l’été – Rebecca Lighieri
Les garçons de l’été de Rebecca Lighieri fait partie des parutions au format poche très remarquées du printemps. Avec un titre et une couverture qui annoncent les vacances et la plage, il est pourtant difficile que ses pages recèlent une aussi grande violence. Ce livre est une véritable surprise, en tous points !
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Études brillantes, famille convenable et convenue, beauté radieuse et maîtrise du surf, Thadée et Zachée ont cru que l’été serait sans fin. Que la vie se passerait à chevaucher les vagues, entre jaillissements d’embruns et poudroiements de lumière. Mais en mutilant sauvagement Thadée un requin-bouledogue le prive de l’existence heureuse auquel il semblait voué : il est devenu un infirme. La bonne santé des uns, la sollicitude des autres le poussent à bout. Et le révèlent à lui-même…
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Les garçons de l’été de Rebecca Lighieri est un roman que l’on m’a un peu survendu, autant être honnête. Coup de cœur des uns et des autres, “surprise de l’année”, les étiquettes étaient nombreuses et mes a priori de plus en plus nombreux. C’est assez mathématique chez moi : plus les gens disent aimer un livre, plus je m’attends à l’aimer aussi, et plus je suis en général déçue.
Un démarrage laborieux…
Et pour être honnête, ça partait assez mal. Après deux cents pages de galère à souffler face aux réflexions insupportables de personnages arrogants, suffisants et insipides, je commençais à trouver le temps long. Rebecca Lighieri nous plante son décor : une famille parfaite sur la côte basque, où règne la dictature des apparences. La mère Chastaing veille sur sa portée imbuvable comme une louve sur ses petits : elle les gave au sens propre comme au figuré, et les adule le jour comme la nuit. Ses fils sont beaux, grands, forts, intelligents et robustes, et la voilà qui roucoule en toisant toutes les autres mères à la ronde. Ses fils ne sont pourtant pas à l’abri de la chute et de la désillusion – et alors qu’un drame arrive dans la famille, tout bascule.
… rattrapé par un drame explosif
C’est finalement ce drame qui vient apporter une certaine tension au sein du roman puisque tous les personnages sont confrontés à une situation qu’ils ne maîtrisent pas – le comble dans une famille de control freaks. Alors que certains se morfondent ou vont voir ailleurs pour ne plus avoir à réfléchir, d’autres deviennent littéralement dingues et nous emportent dans leur folie. De demi-dieux, les frères nous évoquent finalement bien d’autres figures mythiques ou mythologiques, tels les frères Abel et Caïn, ou parfois de véritables monstres. Les personnages secondaires un peu plus lumineux viennent apporter un peu de relief et de calme dans une histoire toujours plus sombre, tout en réveillant la furie des plus malades. La catharsis que l’on attend ne vient pas vraiment, le final n’est pas tout à fait à la hauteur de mes attentes, et pourtant j’ai le sentiment qu’on referme ce livre en prenant bien son souffle, tant le tout a été intense.
Les garçons de l’été de Rebecca Lighieri, au-delà d’un simple roman, est une véritable bombe à retardement. C’est un thriller lent à démarrer mais qui vous happe sans que vous ne vous en aperceviez et qui finit par exploser dans tous les sens. Une lecture pour le moins déroutante !
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Les garçons de l’été ; Rebecca Lighieri
Folio (1ère parution aux éditions P.O.L)
5 avril 2018
413 pages
6 Comments
Autist Reading
Une vraie (et belle) découverte pour moi. Un roman vénéneux comme je les aime. J’ai pris un plaisir coupable à assister à l’explosion de cette famille a priori bien sous tout rapport !
Laroussebouquine
Finalement oui, c’est tout à fait ça.
On se réjouit de les voir imploser, c’est profondément vicieux !
Electra
amusant, je m’étais fourvoyée – la couverture, l’été, la plage .. je le voyais comme un roman d’été .. pas du tout ! merci pour la découverte
Laroussebouquine
A première vue, moi aussi !
Mais je pense que l’effet trompeur est volontaire – la surprise n’en est que plus grande !
Saleanndre
J’hésite à me lancer car le style est quand même particulier, le langage hyper familier en tout cas, d’après certains passages que j’ai lus… Tu confirmes ?
Mais il est à la bibliothèque donc pourquoi pas !
Laroussebouquine
Oui et non… C’est cru mais pas familier, tout dépend vraiment des passages (et du narrateur, l’auteur alterne les points de vue entre les personnages !)