Ariane – Myriam Leroy
Premier roman remarqué de la rentrée littéraire de janvier, Ariane de Myriam Leroy est une histoire d’amitié dangereuse entre deux collégiennes que tout oppose : un roman prenant à souhait qui ne laisse pas son lecteur indemne !
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« Quand j’ai eu douze ans, mes parents m’ont inscrite dans une école de riches. J’y suis restée deux années. C’est là que j’ai rencontré Ariane. Il ne me reste rien d’elle, ou presque. Trois lettres froissées, aucune image. Aucun résultat ne s’affiche lorsqu’on tape son nom sur Google. Ariane a vécu vingt ans et elle n’apparaît nulle part. Quand j’ai voulu en parler, l’autre jour, rien ne m’est venu. J’avais souhaité sa mort et je l’avais accueillie avec soulagement. Elle ne m’avait pas bouleversée, pas torturée, elle ne revient pas me hanter. C’est fini. C’est tout. »
Elles sont collégiennes et s’aiment d’amour dur. L’une vient d’un milieu modeste et collectionne les complexes. L’autre est d’une beauté vénéneuse et mène une existence légère entre sa piscine et son terrain de tennis. L’autre, c’est Ariane, jeune fille incandescente avec qui la narratrice noue une relation furieuse, exclusive, nourrie par les sévices qu’elles infligent aux autres. Mais leur histoire est toxique et porte en elle un poison à effet lent, mais sûr. Premier roman sur une amitié féroce, faite de codes secrets et de signes de reconnaissance, à la vie à la mort.
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Elles partagent tout : les secrets, les bêtises, et même leurs CD. On pourrait croire que ce sont deux amies ordinaires, presque attendrissantes ; deux bonnes copines dignes d’une sitcom américaine qui parlent en cœur, mettent le même vernis à ongles et ne font jamais rien l’une sans l’autre. Elles n’ont pourtant rien de charmant ; elles forment un duo de choc, elles s’entendent à merveille, surtout quand il s’agit d’humilier les autres. Mais à leur âge, cela semble tellement insignifiant.
Une histoire d’amitié…
La narratrice vient d’une famille de la classe moyenne belge qui a les prétentions de la classe supérieure, sans vraiment toucher son objectif : chez eux, il n’est pas question de se laver tous les jours, et il en va de même pour les vêtements.
“Elle me répétait souvent avec une gourmandise satisfaite: « Nous sommes des bourgeois. »
Ça me faisait le même effet que si elle avait dit: « Nous sommes des nazis. » Je ne comprenais pas où se nichait la qualité de la bourgeoisie. Les livres que je lisais expliquaient que les pauvres étaient des gens bien et les riches des salauds, et en plus nous n’étions même pas riches, alors pourquoi jouer à faire semblant que nous étions des connards: tout cela était à mon sens une parfaite aberration.”
Pour éviter que leur fille côtoie les ploucs du coin, ils décident de l’envoyer dans le collège privé à l’autre bout de la ville ; lorsque celle-ci commence à s’entendre avec Ariane, pour ses parents, c’est la consécration. Leur fille va enfin faire partie des grands.
… qui devient toxique.
Ariane est sublime dans son genre, elle est solaire et vénéneuse ; elle attire comme elle rebute, et a une cour à ses pieds. Naît alors une amitié incroyable et exclusive contre laquelle les autres ne peuvent lutter. Ce sont les meilleures amies du monde et rien ne pourra y changer. Le poison est pourtant déjà dans le fruit, et le roman prend une tournure bien plus sombre.
Myriam Leroy signe un premier roman brut et prenant sur une amitié toxique et la décadence de deux jeunes filles qui n’auraient pas dû se rencontrer. Véritable satire sociale et roman initiatique, Ariane est un livre qu’on lâche avec difficulté.
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Ariane ; Myriam Leroy
Editions Don Quichotte
4 janvier 2018
208 pages
3 Comments
Electra
Je le croise souvent celui-ci .. mais je ne peux m’empêcher de penser à ce superbe film (très ancien) néo-zélandais sur l’amitié toxique de deux lycéennes… Heavenly Creatures (le premier film de Kate Winslet) traduit Créatures Célestes, si tu ne l’as pas vu, je te le conseille !
Laroussebouquine
Ça ne me dit rien du tout, mais je note, c’est bon à savoir !
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