5 bonnes raisons de lire et de voir Brooklyn de toute urgence !
Difficile d’être passé à côté depuis début mars… Brooklyn, livre de Colm Tóibín, a été adapté au cinéma par John Crowley et est sorti en France au début de l’année 2015. Il est sorti en version originale (anglaise) pour la première fois en 2010, puis en France en 2011. J’ai personnellement choisi la dernière édition parue chez 10/18, mais à la sortie du film, Robert Laffont a choisir de rééditer le livre avec la couverture du film. Et pour le coup, le résultat est très joli.
Comme à peu près tout le monde sur la blogosphère, j’ai vu le film…et je me suis empressée d’acheter le livre. Et même si j’ai fait les choses à l’envers, je dois dire que j’ai autant aimé le film que le livre, ce qui est assez rare.
Aujourd’hui, je donne un coup de projecteur sur ce livre et ce film qui méritent vraiment leurs chroniques positives, et je vous donne cinq raisons de filer acheter le livre, et/ou de voir le film de toute urgence.
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Une incroyable immersion au coeur de l’Amérique des années 1950
Pour ceux qui auraient vécu dans une grotte et auraient besoin d’un petit aide-mémoire : Brooklyn, c’est l’histoire d’Eilis, jeune Irlandaise dans les années 1950 qui vit avec sa sœur, Rose, et sa mère, dans un petit village. Mais à cette époque, l’Irlande n’est pas vraiment prospère, et Eilis, comme beaucoup d’autres jeunes de son âge, n’a pas vraiment de travail. C’est sa sœur, Rose, qui subvient aux besoins de la famille. Mais un jour le prêtre vient proposer à Eilis et à sa famille une opportunité inestimable ; il a trouvé pour elle une promesse d’embauche comme vendeuse dans un grand magasin new-yorkais, à Brooklyn, et lui propose d’émigrer là-bas, pour avoir une vie meilleure. S’en suit une histoire incroyable, qui même découverte d’un nouveau pays, déracinement et mal du pays, histoire(s) d’amour et bien plus encore.
Le cadre de ce roman permet au lecteur (comme au spectateur) de découvrir l’Irlande et New-York dans les années 1950. Que ce soit dans le livre ou dans le film, les décors sont superbes. Dans le livre, l’auteur décrit des paysages sublimes, et on se sent avec Eilis en Irlande, puis à New York. Les descriptions sont tout simplement magiques et m’ont donné envie d’en savoir plus sur les communautés irlandaises ou italiennes à New-York dans ces années. Ayant vu le film en premier, c’est aussi quelque chose qui m’avait frappé ; les costumes, les musiques, les coiffures, les décors…tout nous rappelle à la fois certains autres films sur New York, mais aussi parfois des photos de famille.
Eilis se retrouve embauchée dans le grand magasin des Bartocci à son arrivée à Brooklyn ; sa description dans le livre n’est pas sans rappeler Au Bonheur des Dames, d’Emile Zola, ou d’autres livres fabuleux qui traitent de l’ouverture de ces grands magasins où l’on trouve absolument tout. J’ai aussi été très touchée par la description faite de la traversée en bateau de Liverpool à New-York, qui durait à l’époque une semaine. Tout a été retranscrit presque à l’identique dans le film – et cela est d’autant plus bouleversant à l’image.
J’ai aussi beaucoup appris sur les communautés irlandaises et italiennes à Brooklyn à cette époque. On se rend compte qu’il y avait alors des communautés très soudées, qui essayaient – tout en s’intégrant à la vie à l’américaine – de récréer de temps à autres une petite ambiance locale pour lutter contre le mal du pays.
Un livre bien écrit…Et un film magnifique !
Qu’il s’agisse du livre ou du film, ce sont deux œuvres qui vous serrent le cœur et ne vous laissent pas indifférents. Les descriptions magiques que j’évoquais juste avant y sont pour beaucoup, bien évidemment.
Le livre est très bien écrit ; la plume de l’auteur est fluide et agréable. J’emportais avec moi ce page-turner dans le métro, et je n’arrivais jamais à le refermer ! Les événements s’enchaînent et il n’y a pas de temps mort, la vie d’Eilis est toujours très mouvementée, et c’est un réel plaisir que de le lire.
Le film lui est visuellement très beau. J’ai adoré le jeu de couleurs utilisées, très vives, les costumes… Les lieux n’ont pas été choisis par hasard et on en prend plein les yeux. Il mérite largement ses trois nominations aux Oscars, à savoir l’Oscar du meilleur film, du meilleur scénario, et de la meilleure actrice. Saoirse Ronan, qui joue Eilis, est en effet une actrice parfaite pour ce rôle. Eilis y est comme dans le livre ; une jeune fille jolie, mais qui l’ignore, polie et timide, qui veut tout le temps bien faire, quitte à s’oublier un peu. C’est un personnage sensible et elle correspond totalement à l’image que je me suis fait du personnage en lisant le livre.
Un roman et un film sur l’émancipation d’une femme – et sur l’immigration aux Etats-Unis
Beaucoup de reproches qui ont été faits au film comme au livre concernent principalement le personnage d’Eilis. Comme je le disais, c’est un personnage timide, qui se fait parfois marcher sur les pieds. Elle est souvent tributaire des choix des autres – et surtout des choix que les autres font pour elle-même. Néanmoins, je ne l’ai pas perçu de la même façon. Certes, j’avais souvent envie de la secouer, surtout vers la fin du livre/film où elle fait un peu n’importe quoi selon moi. Mais, dans le contexte des années 1950, il me semble que c’est tout de même une femme qui avance et ne se laisse pas tout le temps dicter sa conduite. Elle travaille seule, pour subvenir à ses propres besoins, elle prend des cours du soir, travaille pour ses examens, prend le temps de sortir… C’est finalement une femme assez indépendante, bien qu’on lui ait proposé de travailler ici ou là. Et je trouve que c’est quand même une belle image de la femme qui est donnée aussi bien dans le livre que dans le film. Eilis, même si elle n’en a pas toujours l’air, est une héroïne courageuse, travailleuse, et qui a la tête sur les épaules. Et ça fait du bien.
De plus, le livre comme le film nous montrent ce que les migrants vers les Etats-Unis devaient “subir”. Ils prenaient des bateaux aux traversées très longues, quittaient tout derrière eux, leur pays, parfois leur famille comme c’est le cas ici, pour repartir de zéro, ailleurs. J’ai beaucoup apprécié la scène dans le film qui se déroule à Ellis Island, où les migrants doivent montrer patte blanche (et surtout qu’ils ne sont pas malades) aux employés de l’immigration. De plus, une fois installés à New-York, le film comme le livre montrent qu’il n’est pas toujours facile de s’intégrer quand notre famille ou notre pays nous manque.
Une superbe histoire d’amour !
Qu’on se le dise, Brooklyn c’est aussi une histoire d’amour(s), que j’ai beaucoup aimée. Si quelques détails m’ont vraiment agacée sur la fin (mais je n’en dirai pas plus pour ne pas tout vous dévoiler), j’ai eu un coup de cœur pour l’histoire d’amour entre Eilis et Tony, jeune italien fou amoureux d’elle. Cela rejoint l’idée de l’émancipation d’Eilis ; son histoire d’amour à New York marque vraiment le début de sa nouvelle vie, en tant qu’adulte responsable et épanouie.
Bref, les sentiments ne manquent pas dans le livre comme dans le film, sans jamais tomber dans le gros mélodrame bien dégoulinant.
Un livre et un film qui vous assurent un bon moment de plaisir !
Ok, j’avais pas trop d’inspiration pour ce dernier argument. Néanmoins, une chose est certaine : le livre comme le film m’ont donné beaucoup de baume au cœur, et c’est toujours bon à savoir. C’est le genre de livres ou de films qui s’apprécient le soir, au lit, après une journée bien remplie, et que l’on retrouve avec plaisir, comme un bon carré de chocolat. Voilà pour la métaphore, si ça n’est pas convaincant, je ne sais pas trop ce que je pourrais bien rajouter !
Quoi qu’il en soit, le livre et le film sont pour moi deux très bonnes découvertes. Comme il s’agit d’une bonne adaptation cinématographique, j’ai trouvé qu’il serait intéressant pour une fois de parler des deux. Double argument si vous n’avez pas trop envie/le temps de lire en ce moment : regardez vite l’adaptation ciné, vous avez de nombreuses raisons d’être séduits !
9 Comments
Melasc
Un très joli article ! C’est vrai qu’il est rare d’aimer autant le livre que le film. J’avais vu la bande annonce à sa sortie mais aucun cinema ne le diffusait près de chez moi. J’aime ce genre d’histoire et tu m’as donné encore plus envie de le lire !
Laroussebouquine
Merci beaucoup !
C’est dommage qu’ils ne le diffusaient pas près de chez toi… Maintenant que je vis en ville c’est vrai qu’on peut facilement voir pas mal de films, mais c’est vrai que quand je vivais à la campagne, je hurlais car ils ne passaient que les blockbusters malheureusement…
Mais j’espère que tu le liras ou que tu verras le film ! Après, même si c’est pas le top, il reste l’option streaming…
Kimysmile
ça me donne super envie!
Laroussebouquine
Laisse-toi tenter alors ! 😉
Ludo
Ce livre ne me tente pas du tout… Et pourtant tes arguments ne sont pas mauvais :p
Mais, je sais pas, dès que je vois historique ou années 50… ça ne me tente pas. C’est dommage :/
Laroussebouquine
Ah oui ? Effectivement c’est dommage ! Tu devrais voir le film au pire… ça prend moins de temps, et ça te donnera déjà une bonne idée du sujet !
Miss Charity
Je n’ai pas lu le livre mais j’ai véritablement adoré le film (je l’ai vu deux fois au cinéma !).
J’avais un peu peur de perdre cette magie en lisant le livre, mais visiblement il est à la hauteur du film (qui repose beaucoup sur le charme des deux personnages principaux).
Ce qui m’a vraiment touchée, c’est la manière dont est abordée la question du départ, entre impatience d’avoir une existence meilleure et culpabilité d’abandonner ses proches. La notion de choix aussi est très présente : à la fin du film, Eilis se trouve à la croisée des chemins,, et doit décider si elle va partir ou rester, avec toutes les conséquences que cela comporte.
Laroussebouquine
Toutes ces choses que tu évoques sont aussi là dans le livre, même si certains sentiments d’Eilis sont plus ou moins bien exploités (des fois j’ai préféré le livre, des fois le film)… Si tu as aimé le film, le livre devrait sans doute te plaire !
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